Lump sum en mars 2024 que faire?

Marc66 · Mai 1, 2024, 2:59

J’ai creusé un peu la théorie des marchés efficients et effectivement c’est assez intéressant… cependant, il ne faut pas oublier que ça reste une théorie ( plus ou moins partagée) et qui est basée sur des hypothèses qui peuvent aussi être remises en question… Après est-ce qu’on est dans un marché efficient à 100% deux temps je ne penses pas… Il y a clairement des aberrations dû au fait que certains événements « illogique » poussent certains investisseurs à investir à des périodes plus que d’autres… Genre vendre en fin d’année pour racheter en début d’année…la météo : quand il fait beau on est plus antousiaste que lorsqu’il fait crados, etc… Ce qui en soit n’est pas un réel problèmes dans la mesure où la grande majorité des investissements se font par des professionnels qui évaluent le prix d’une part à l’instant T en fonction des données macro économique, etc… mais le problème est que l’investissement en bourse se démocratise à une telle vitesse que les investisseurs particulier lambda (nous!) peuvent être à l’origine de surévaluation du prix d’une action et ainsi créer des bulles… Je ne sais pas si je suis clair mais en prenant l’exemple de l’IA. En ce moment quand on parle investissement tous les gens lambda investissent à go go sur l’IA sans pour autant étudier les données économiques mais juste par " phénomène de mode"… On peut donc facilement imaginer que plus il y aura d’investisseur lambda et moins les marchés seront efficients non?
Concernant les ETFs sectoriels, ok pour dire qu’il n’y a pas de raison pour que les entreprises d’un secteur en particulier superforment les autres… mais il n’y a pas non plus de raison qu’elles performent moins que les autres… Que les marchés soient efficients n’empêche pas de penser qu’il y a tout de même des secteurs « refuges ». Par exemple concernant le milieu de la santé. Je suis tout de même plus serein en investissant dans un secteur Vital comme la santé que si j’investissais dans un parc d’attraction… Non tu n’es pas de mon avis @vincent.p ? Après, je sais que si la santé représente
X% dans le ETF world c’est bien pour une raison et que je ne devrais donc pas surpondérer ce secteur. Mais qui décide justement de la proportion des secteurs d’activités dans un ETF comme le World ?

vincent.p · Mai 1, 2024, 3:57

Non. Je te propose de continuer à creuser la théorie. Même imparfaite, elle est sans aucun doute de meilleur conseil que les intuitions.

Gabax · Juin 7, 2024, 11:32

Salut Vincent.p,
Est-ce que selon toi les ETFs qualifiés de « low volatility » disponibles en CTO et dans certaines AV valent le coup de s’y intéresser ou c’est un peu comme les ETFs sectoriels #arnaque

vincent.p · Juin 8, 2024, 5:03

Ah, l’anomalie low volatility. Elle est compliquée celle-ci. Il y a deux sujets :

Est-ce que l’anomalie existe vraiment ou est-ce le fruit d’une torture des données ?
Si l’anomalie existe, est-elle bien capturée par les ETF factoriels ?

La constatation de base, c’est que les actions à basse volatilité ne suivraient pas le modèle CAPM. En gros, les actions à Beta faible auraient un rendement certes plus faibles que celles à beta élevé, mais pas proportionnelle à leur plus faible volatilité.

Une explication que j’ai lue à plusieurs endroits, c’est que ces actions sont délaissées parce que les investisseurs ont tendance à préférer les portefeuilles concentrés en actions volatiles car elles ont une espérance de rendement supérieure et que les investisseurs sont souvent réfractaires au levier. Cf. La horde de membres du forum qui préfèrent surpondérer en Nasdaq (Beta 1,2) plutôt que rester sur du World (Beta 1) et d’en prendre 20% en plus. Cette moindre demande impacte les prix à la baisse, donc augmente l’espérance de rendement.

Le hic, c’est que les chercheurs et praticiens sont divisés sur ce phénomène. Cet article du CFA Institue montre qu’on peut expliquer une bonne partie du facteur low volatility avec des facteurs Value et Quality (beaucoup plus communément acceptés). On peut donc se demander si ce facteur ne serait pas déjà en grande partie capturé si l’on a d’autres ETFs factoriels.

AQR n’inclut pas ce facteur dans sa liste “A century of factor premia” mais y intègre Momentum, Value et Defensive (une forme de Quality). À la question “est-ce que le facteur existe”, j’ai donc envie de répondre “peut-être, mais j’aurais tendance à écouter tontons Cliff Asness et Antti Ilmanen”.

Admettons qu’on pense qu’il existe, peut-on capturer efficacement ce facteur ?

Un point important est que ce facteur (comme les autres présentés par les chercheurs) est long-short. C’est-à-dire que pour le répliquer il faudrait acheter les actions à basse volatilité et vendre à découvert les actions les plus volatiles, ce qu’on ne peut pas faire dans un ETF grand public.

Les ETF factoriels, mettons un MSCI Volatility, peuvent s’imaginer comme la superposition d’un MSCI World pour 100% du montant investi et d’un long/short pour une fraction du montant (dire active). C’est-à-dire qu’on part d’un MSCI world, que l’on ajuste en vendant (totalement ou partiellement) les actions les plus volatiles et en achetant (surpondérant) les moins volatiles. Cette fraction active se mesure en faisant la somme des sur et sous-ponderations par rapport à l’indice de base. Je l’avais mesurée sur des ETF factoriels MSCI, de mémoire c’était dans les 70/80%

On obtient au final un ETF qui nous produit les rendements combinés du MSCI World et d’un portefeuille long/short low volatility.

Mais ce long/short n’est PAS le facteur low volatility des chercheurs. Déjà, on ne peut pas sous-pondérer les actions plus que leur poids initial dans le MSCI World. C’est problématique pour le Low Volatility car la branche short semble beaucoup contribuer à la perf finale.

La fraction active de l’ETF ne va donc pouvoir capturer qu’une partie du facteur. Dans quelle mesure ? Il faudrait faire une régression multivariée des rendements de l’ETF par rapport à l’indice World et au Facteur Low Volatility pour l’estimer (ça se fait sous Excel si on a les données sous la main, mais les résultats se trouvent sur internet pour certains ETFs). Il s’avère que l’efficacité de capture du facteur varie fortement d’un ETF factoriel à l’autre, de 15% (naze) à 60% (pas mal) selon les régressions que j’ai vues par-ci, par-là.

On doit ensuite en retrancher le surcoût de l’ETF par rapport à un ETF indiciel de base, plus les coûts de trading liés aux indices actifs comme ceux des ETFs factoriels.

Au final, on ne peut espérer capturer qu’une petite partie du facteur avec les ETFs grand public. De l’ordre de quelques dixièmes de % d’espérance de rendement en plus que l’indice de base (j’ai vu des estimations de 0,3% à 1,2% selon les auteurs et les ETF), avec des périodes parfois prolongées (genre décennales) de sous-performance.

Est-ce que je suis convaincu par les facteurs ? Oui.
Est-ce que je pense que ça vaut le coup de biaiser son portefeuille par rapport au marché pour en intégrer (malgré les limitations énoncées ci-dessus) ? Oui, notamment car les facteurs sont imparfaitement corrélés à l’indice, cette diversification permet de collecter un (léger) bonus de rééquilibrage.
Est-ce que c’est indispensable et adapté à tout le monde ? Non, car ça demande plus de boulot de suivi et qu’on aura des périodes de sous-performance vraiment pas négligeables où le mental sera challengé (mais c’est ce qui fait que les facteurs perdurent. No pain, no gain.)

En tout cas, c’est à mon sens de la came beaucoup plus intéressante que les ETFs sectoriels.

Gabax · Juin 9, 2024, 11:34

Tout d’abord je te remercie de faire partager ta science….
Ensuite, ta remarque concernant l’impossibilité de sous pondérer les actions plus que leur poids initial ça veut dire qu’on ne peut surponder les actions les moins volatiles à défaut de pouvoir sous pondérer les actions les plus volatiles?

Gabax · Juin 9, 2024, 11:35

Oula pas très rassurant ça ?

Gabax · Juin 9, 2024, 11:45

En gros tu nous conseilles de rester sur des ETFs classiques et grand public au lieu de chercher des ETFs sectoriels même quand on commencera à sécuriser un max son patrimoine ?
Je pensais éventuellement à un ETF world Low volatility ou quality pour réduire la volatilité du CW8 à l’approche de la retraite… Genre arbitrer une grande partie de nos ETFs traditionels vers des « low volatility » pour limiter les pertes en phase de « consommation des plus values »…

Gabax · Juin 9, 2024, 11:48

Tu investirais donc sur ce genre de ETFs low volatility pendant toutes la durée de ton investissement ?

Gabax · Juin 9, 2024, 11:56

Quand tu es en phase de capitalisation je pense que c’est se prendre la tête pour peu être pas grand chose… Par contre, arrivé à l’âge où tu commenceras à consommer tes PVs ce serait peut-être pas si mal d’arbitrer vers des fonds sectoriels et en particulier le Low volatility…
Mais le plus simple est de se limiter à rééquilibrer ton % obligations %actions au fur et à mesure que tu te rapproche de ta phase de consommation tu ne crois pas @vincent.p ?

vincent.p · Juin 10, 2024, 4:19

J’ai regardé plus en détail la méthodo de l’indice “Minimum Volatility” de MSCI. Il ne se construit pas en long/short comme les facteurs Quality, Momentum ou Size des chercheurs. D’après la doc, il est construit à partir de l’indice normal (World, par exemple) en calculant le portefeuille de volatilité la plus basse via une matrice de corrélation. On rajoute ensuite des contraintes (pondération min et max par actif, poids de chaque pays proche de l’indice de départ, etc). On n’a donc pas de problématique de sous-ponderation comme sur les autres facteurs.

Low Vol est un facteur que j’ai peu étudié, même si le terme “betting against beta” revient fréquemment. Prends ce qui suit avec de longues pincettes, c’est plus proche de l’intuition que de l’analyse étayée.

Remplacer ton allocation à un World par un ETF factoriel Low Volatility n’est pas la méthode qui me semble la plus efficace pour réduire la volatilité de ton portefeuille.

L’existence du facteur Low Volatility est plus contestée que celle d’autres facteurs. Il y a potentiellement plus de risques qu’il ne fonctionne pas aussi bien à l’avenir.
Je n’ai pas regardé comment ce facteur était corrélé avec les autres actifs. Même si intuitivement je pense que ce n’est pas le cas, si les obligations ont tendance à se casser la figure en même temps que le Low Volatility, ça peut être gênant.
En remplaçant toutes tes actions par du Low Volatility, tu vas perdre en diversification par rapport à un indice large, du point de vue du risque lié au marché action.
Les frais d’ETF factoriels sont plus élevés.
Ils ne sont pas disponibles sur PEA, la fiscalité a un impact sensible sur le résultat final.
Le beta du MSCI Minimum Volatility est de 0,7. On peut estimer son écart-type annualisé dans les 10/11%. Ça bougera quand même pas mal !

Si l’objectif est d’avoir moins de volatilité, le plus efficace pour la plupart des investisseurs est probablement de rester sur un portefeuille MSCI World (ou ACWI voire ACWI IMI), mais d’avoir moins d’actions !

La question est ensuite de déterminer ce que tu prends à la place et dans quelle proportion : obligations d’état, corporates, indexées sur l’inflation, indice large de matières premières, pierre papier, cash… Le choix usuel est de prendre des obligations d’état intermédiaires, mais sur un gros patrimoine, je trouve rationnel d’introduire des classes d’actifs en plus (pour diversifier ses actifs de diversification). C’est un vaste sujet.

J’ai personnellement fait le choix de diversifier mon portefeuille et investissant une partie de mon allocation action sur des ETFs factoriels, oui. Pour les actions, je me suis exposé aux facteurs Momentum, Value et Quality. Le fait qu’on soit en phase d’accumulation ou de consommation ne me semble pas avoir d’importance à ce sujet.

La diversification est utile dans les deux cas. N’oublions pas que mettre 100€ dans un ETF factoriel MSCI, c’est comme avoir 100€ sur un ETF MSCI World, plus un portefeuille long/short de valeur moindre pour capturer le facteur.

Toutefois, il me semble qu’il faut avoir de gros en-cours pour que ça commence à devenir intéressant.

L’avantage fiscal du PEA ou sur les AV (pour des versements cumulés inférieurs à 150 k€) sont plus important que l’espérance de sur-rendement d’un ETF factoriel.
Pour vraiment profiter des ETFs factoriels, il faut rééquilibrer. Les facteurs sont peu corrélés entre eux et avec le marché action, tout en étant plutôt volatils : on peut en retirer un bonus de rééquilibrage intéressant. Si le montant des rééquilibrages est trop faible, on paie des frais de courtage élevés par rapport à ce gain…
Les ETFs factoriels grand public ne peuvent pas reproduire directement les facteurs académiques, donc chaque émetteur fait sa propre cuisine pour approximer les facteurs empiriquement testés, avec une capture plus ou moins efficace du facteur. On a une incertitude de processus d’investissement qui milite à se diversifier entre ETFs factoriels d’émetteurs différents. Un peu lourd en gestion et en frais.

Tout cela en sachant qu’en rééquilibrant des ETFs factoriels entre eux ou avec du World, ou lorsque ton ETF factoriel rééquilibre son allocation, tu es en grande partie en train d’échanger du World contre du World.

Ou alors, il faut un contexte d’investissement qui permet de contrebalancer l’avantage fiscal du PEA/AV : investir en société à l’IS, avoir des revenus assez élevés par rapport à son capital pour rééquilibrer par ajout de cash, investir à crédit avec déductibilité des intérêts…

Certains émetteurs d’ETF US (Dimensional Fund Advisors, Avant is) font des ETF “marché + biais factoriel” mais ils ne sont pas directement accessibles aux investisseurs particuliers Européens lambda. Ils ont aussi le mauvais goût d’être distribuants, ce qui rajoute une couche d’inefficience fiscale.

La capture efficace des facteurs est un art subtil, j’ai encore beaucoup à apprendre sur le sujet !

Gabax · Juin 16, 2024, 7:09

Salut @vincent.p ,
j’ai un peu creusé le sujet et en effet c’est beaucoup moins de l’arnaque que les ETFs sectoriels… Je vous ce genre de ETFs comme à mi chemin entre un ETF classique (qui est en fait un ETF size si je ne me trompe pas) et un ETF géré par une société de gestion… par contre, dans ce cas les perf de ton ETF factoriel dépendra ENORMEMENT du choix de la société de gestion…
Ensuite, connaîtrais-tu par hasard des ETFs « Qualité » éligibles au PEA ou il n’y en a tout simplement pas? Comment les identifier avec leur noms? Je pourrais ainsi regarder dans mes contrats d’AVs pour voir si certains sont éligibles…

Go10 · Juin 16, 2024, 8:06

Chez BlackRock, c’est la gamme Edge de mémoire.

Gabax · Juin 17, 2024, 1:24

Edge? et bien je vais me passer de ETFs factoriels car aucun de mes contrats contient cette gamme malheureusement…