Bonjour la communauté,
Je rentre de plusieurs années à l’étranger. Je peux enfin ouvrir un PEA qui est donc vide pour le moment. Le reste de mon capital est déjà investi sur du long terme (Private Equity, CTO, SCPI, AV, Crowdlending immo., Crypto).
Afin de profiter de l’effet de levier et des possibles prochaine hausses de la bourse avec la probable baisse des taux, je pense demander une avance (Nantissement de l’AV / Crédit Lombard) de 150 000 Euro sur mon Assurance Vie.
Je devrais alors rembourser cette somme en une fois dans 6 ans. Taux du crédit entre 3% et 4%
Je pense l’investir en ETF World / Nasdaq / Europe / Small caps en gestion passive.
Profil: 39ans, célibataire, Ingénieur freelance, Salaire 12 000 Euro net.
Pensez-vous que c’est un bonne idée ou alors que c’est trop risqué / sans intérêt?
La seconde solution est de remplir petit à petit mon PEA avec mon épargne salariale mois après mois.
Merci d’avance pour votre aide.
Quel est votre patrimoine, votre statut d’emploi et votre capacité d’épargne ? Sans ces éléments difficile de se faire une idée.
@antoine.a Merci. Voici les infos:
Patrimoine Net: 920 000 Euro
Patrimoine Brut: 1 220 000 Euro (300 000 Euro d’avance sur une autre AV à rembourser dans 5 ans)
Emploi: Freelance long terme (pseudo sécurité de l’emploi)
Capacité d’épargne: environ 10 000 Euro par mois
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Bonjour,
Avec une tel capacité d’épargne (Félicitation d’ailleurs) je ne pense pas que ce soit super intéressant de faire un crédit si c’est juste pour blindé le PEA surtout avec un taux à 4%.
Si la totalité de l’épargne va sur le PEA en DCA il suffirais d’un peu plus d’un an (15 mois) seulement.
Donc rapidement réalisable sans crédit, mais c’est mon humble avis.
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En prenant 150k€ d’avance supplémentaire, ça t’amènera à 150% de levier. Cela peut être très raisonnable ou trop agressif selon la structure globale de ton patrimoine : fraction action, % du capital illiquide, niveau de diversification…
J’ai un levier de cet ordre de grandeur sur mon patrimoine liquide après avoir estimé mon allocation action (actions/obligs) en utilisant la fraction de Merton avec le Schiller Cape du MSCI world comme hypothèse de rendement des actions.
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TonyB
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Un levier « raisonnable » (de 110 à 150%) peut « théoriquement » être une très bonne idée moyennant les commentaires de @vincent.p. Mais au-delà de la théorie, j’ajouterais bien la question suivante : as-tu déjà vécu et traversé - sans faire des cauchemars et paniquer - une forte crise des marchés (genre 2020 avec un -35% sur les actions) tout en ayant un levier significatif ? (car si le marché fait - 40% un jour, avec un levier de 150%, c’est comme si ta part actions faisait - 60 %… cela secoue pas mal… surtout si elle représente plus de la moitié de ton patrimoine total…). Si tu as déjà eu cette expérience, alors tu connais ton comportement… et tu es en meilleure position pour décider. Si tu n’as pas cette expérience, ton levier actuel est déjà assez élevé, et tu y verras plus clair après la prochaine « grosse secousse » du marché…
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Ok je comprends, Merci @TonyB pour ta réponse instructive. J’ai en effet beaucoup investi en bourse juste avant le début de la crise Ukraine / Energie et en effet cela a été compliqué de voir son patrimoine fondre (-45% sur certaines positions)… même si on essaie de se raisonner :-).
Donc, si je comprends, le fait d’emprunter à 4% pour mettre sur des ETFs qui pourraient disons faire 7% en moyenne et donc récupérer les 3% de plus-value de différence et continuer à investir mon épargne ailleurs pour augmenter mon patrimoine brut est selon vous trop simpliste / risqué?
TonyB
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Ce n’est pas simpliste, c’est juste qu’il faut avoir en tête que d’un coté on a un taux « certain » de 4% à rembourser, et de l’autre une « moyenne espérée de gain annuel » de 7%, mais qui pourrait à l’arrivée, dans 6 ans, s’être matérialisée en -50% ou plus 80%, ou tout autre montant (+150%, -70%, etc).
Du coup, on ne peut pas raisonner comme si on était certain de gagner 3% par an (7%-4%)… en fait, pour simplifier, en termes mathématiques, si la « moyenne espérée de gain annuel » augmente de façon proportionnelle à l’exposition aux actifs risqués (ici ETF actions), et donc proportionnellement au levier - toutes choses égales par ailleurs - le risque augmente comme le carré de l’exposition (et donc du levier)… ainsi, si j’augmente la part de mes actifs risqués de 40%, je double pratiquement mon risque… et à partir d’un certain seuil, cela devient contre productif, non seulement on prend beaucoup de risque, et le portefeuille risque d’être très volatile / secoué, mais en plus on diminue son espérance de gain, c’est la double peine… (si cela intéresse, il y a des formules mathématiques pour simuler / modéliser cela, @vincent.p en a cité une, la part de Merton, il y en a d’autres, notamment pour estimer l’espérance de gain en fonction du risque pris).
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@TonyB m’avait justement conseillé un livre qui explore ces problématiques de calibrage du risque : The Missing Billionaires. Je recommande chaudement.
D’ailleurs, je viens de le finir. Il me faudra un peu de temps pour le digérer et l’adapter à ma situation, mais ça me dirait bien de discuter avec toi de ce que tu en as déduit, @TonyB !
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TonyB
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Avec plaisir pour échanger @vincent.p. On peut se caler une visio/Zoom/Meet ou échanger par mail. Très bon livre en effet !
Concernant ce que j’en ai déduit, je distinguerais bien 2 volets :
- pour tout ce qui touche à la définition de l’exposition aux risques, la maximisation de l’utilité, les dépenses à la retraite, etc, c’est très bien écrit et très pédagogique, mais cela a surtout flatté mon « biais de confirmation »
, car le livre présente de façon très claires des notions que je connaissais par ailleurs et que j’utilise dans mes modèles d’allocation d’actifs (Merton share, Samuelson, CAPE Shiller, VIX, etc). Bref, il m’a conforté dans mon approche (ce qui n’est pas forcément une bonne chose quand on sait qu’un des deux rédacteurs était dans le fonds LTCM qui a crashé en 1998…
)
- pour ce qui est de gérer son portefeuille de façon dynamique, ce que les auteurs encouragent fortement, ça m’a donné à réfléchir car depuis fort longtemps je me contente d’un seul « re-balancing » par an, à date fixe (sauf si l’écart par rapport à mon allocation cible dépasse 10 points en cours d’année) et je ne revisite mon allocation cible qu’une fois par an (sur base entre autres de Merton share, Cape Shiller, Vix, etc). Le livre avance des arguments assez convaincants, et des back-testings, pour une gestion plus dynamique, et je suis en train d’y réfléchir … ravi d’échanger sur le sujet.
Carrément. En revenant de vacances, je couche ce que j’ai intégré sur le papier et je t’écris pour qu’on en discute. A plus !