Je vais donner ici une vision un peu plus « empirique » de la question, basée sur ce qu’on constate concrètement sur le terrain, plutôt que sur la théorie. Le souci principal, selon moi, avec les ETC or (Amundi, iShares, Fidelity, etc.), ce n’est pas le produit financier en lui-même, mais la fiscalité qui l’entoure.
Dans le climat fiscal actuel en France — que certains n’hésitent pas à qualifier de « toxicofiscal » — il me semble de plus en plus pertinent de détenir une partie de son or en physique, en propre, plutôt que via un produit papier.
En France, deux régimes existent pour la revente d’or d’investissement :
- Par défaut, la taxe forfaitaire sur les métaux précieux (TMP) s’applique au moment de la vente.
- Mais il est possible, si l’on peut justifier la date et le prix d’achat, d’opter pour le régime des plus-values réelles. Dans ce cas, l’impôt (19 % + 17,2 % de prélèvements sociaux) bénéficie d’un abattement de 5 % par an à partir de la 3ᵉ année, jusqu’à exonération totale après 22 ans.
Autrement dit, pour ceux qui voient l’or comme une « assurance patrimoniale » et non comme un actif spéculatif à rotation rapide, le long terme est fiscalement récompensé.
L’or papier vs l’or réel
Les ETC or, eux, ne donnent pas accès à de l’or physique : on détient un titre financier, adossé à des stocks, mais pas directement les lingots. D’un point de vue fiscal, cela revient à être imposé comme sur un produit financier classique, sans abattement lié à la détention longue.
Autrement dit, on perd l’un des avantages clés de l’or physique.
Sur le plan purement pratique, il est évident que la fiscalité française sur les métaux précieux est **plus lourde et plus contraignante que dans d’autres pays européens. Et sans prôner ni encourager quoi que ce soit, il suffit de regarder autour de soi : beaucoup de particuliers qui achètent un peu d’or (napoléons, lingotins, etc.) finissent par en revendre une partie hors de France ou lors de déplacements à l’étranger, dans des pays où la fiscalité est plus souple ou les démarches plus simples.
On me dira que « tout doit être déclaré » — et c’est vrai juridiquement. Mais dans la réalité quotidienne, il est permis d’avoir un gros doute sur le fait que « Jean-Jacques DCA », qui transporte ses trois napoléons 20F pour les échanger dans un bureau de change en Belgique, en Suisse ou aux États-Unis pendant ses vacances, remplisse consciencieusement les formulaires de plus-value à son retour…
Je ne dis pas que c’est bien, je dis simplement que c’est la réalité observable.
L’or physique reste, à mes yeux, un actif de fond de portefeuille, un « socle de sécurité » patrimoniale. Et dans un environnement fiscal français de plus en plus serré, le détenir en main propre offre non seulement une indépendance réelle, mais aussi une fiscalité qui, à long terme, peut s’avérer plus favorable que celle de l’or papier.
Bien sûr, cela implique d’assumer la conservation, la sécurité, et la traçabilité — mais c’est justement le prix de la souveraineté patrimoniale.