Pour ce qui est des actifs à acheter avec du lombard : oui, @Opla, si vous diversifiez avec des obligations, vous allez toucher moins en coupons que le coût de l’emprunt et de l’enveloppe une fois la fiscalité déduite. Mais ce n’est pas l’objectif : vous voulez d’abord contrôler la volatilité du portefeuille. C’est une assurance et les assurances coûtent de l’argent lorsque tout va bien.
Après, utiliser le levier pour diversifier, c’est une assurance un peu magique qui peut rembourser plus que le « sinistre ». Dans la plupart des situations de crash historiques, un portefeuille à levier raisonnable et diversifié avec de l’obligataire ou du monétaire chutera moins et remontera plus vite.
Prenons un exemple pour bien comprendre la mécanique :
- Partons d’un portefeuille 70% actions / 30% obligations
- Ajoutons 40% de levier dessus. On a un portefeuille 70 / 70. Postulons que les rendements obligataires à long terme vont compenser le coût du levier. Ce sera plus simple pour la démonstration, on n’est pas à quelques fractions de % près.
- Chute de 50% des actions (un gros crash). Le portefeuille passe à 35/70. En général, lors des crashes des actions les obligations ont tendance à monter, mais ignorons ce phénomène.
- On le rééquilibre pendant que les marchés sont sous l’eau : 52/52. C’est à cet instant qu’il faut avoir le cœur bien accroché.
- Les actions reviennent à leur point de départ, au bout de plusieurs années. Comme il faut faire +100% pour compenser le -50%, ça peut durer plus d’une décennie, mais souvent c’est plié en moins de 5 ans (cf. le crash COVID, comblé en 3 mois). On arrive à 104/52
- Il faut penser à rééquilibrer le portefeuille (78/78) car un crash peut en cacher un autre (la bulle internet n’avait pas été comblée avant la crise des subprimes, si l’on ajuste de l’inflation)
- Résultat des courses : performance +56% sur le portefeuille net, alors que les actions ont fait du surplace.
Avec un portefeuille sans levier :
- 70/30 au départ
- 35/30 après le crash
- 45/20 pour équilibrer
- 90/20 lorsque le marché récupère
- 77/33 pour rééquilibrer
- Bilan +10% sur le cycle crash/récupération.
Sympa, non ?
Alors, quelques caveat sont de rigueur.
- Si les actions et les obligations prennent le bouillon simultanément (rare, mais c’est arrivé en 2022) alors c’est double peine : on descend plus vite et on remonte plus lentement. C’est pour cela qu’il ne faut pas avoir un taux de levier déraisonnable et qu’il est pertinent de diversifier avec d’autres classes d’actifs (genre de l’immobilier )
- J’ai décrit le cas idéal où l’on rééquilibre le portefeuille au meilleur moment. En réalité la surperformance sera moindre. A moins d’aller au-delà de l’équilibrage en ajustant l’allocation vers plus d’actions quand elles ont baissé. A jauger en situation réelle, mais on peut prévoir quelques nuits agitées.
- Si le marché est haussier pendant 20 ans, sans corrections majeures, il va y avoir des pertes en lignes liées aux frais (enveloppe d’assurance-vie et intérêts d’emprunt) qui ne seront pas totalement compensées. Mais c’est aussi le cas où votre portefeuille performe à toute berzingue. Vous serez simplement un peu moins riche.
Bref, il ne suffit pas de regarder le taux du coupon !
En outre, si vous prenez un indice obligataire (c’est-à-dire ni des obligations en direct, ni un fonds daté) et que les taux baissent, alors le prix de vos obligations va augmenter. Le consensus est que ça pourrait arriver en 2024 ou 2025. Si ça arrive, vous pourrez rééquilibrer votre portefeuille en vendant des obligation et acheter des actions si celles-ci ont progressé moins vite. Cela qui pourrait arriver si l’économie ralentit, justifiant une baisse des taux. J’adore les rééquilibrages de portefeuille.