J’aimerais vous parler de quelque chose qui est passé plus ou moins inaperçu, mais qui m’inquiète énormément : la dégradation de la note de la France.
Ce 12/04, Moody’s s’est abstenu de noter la France. Cette abstention en dit long… À mon avis, la note de la France va t’être dégradé sans grande surprise.
Je suis un investisseur Belge mais je pense que cette dégradation pourrait impacter toute la zone Euro !
Si Moody’s dégrade effectivement la note de la France de AA à A, et que certains fonds (notamment les fonds obligataires « investment grade ») sont obligés par leur règlement interne de ne conserver que des obligations très bien notées, alors :
- Ils devront vendre massivement leurs obligations françaises.
- Cela va augmenter brutalement l’offre d’obligations sur le marché, sans augmentation équivalente de la demande.
- Résultat : les prix des obligations françaises vont chuter.
- Quand les prix des obligations chutent, les taux d’intérêt augmentent (car les investisseurs demandent une meilleure rémunération pour prêter).
- Cela veut dire que la France devra payer plus cher pour se financer sur les marchés.
- Avec des taux d’intérêt plus élevés, le coût de la dette publique explose, et le déficit budgétaire s’aggrave encore (puisque l’État doit consacrer plus d’argent au paiement des intérêts).
- Effet boule de neige : la situation financière empire, ce qui pourrait entraîner de nouvelles dégradations, et ainsi de suite.
La France, dont la situation financière est préoccupante, pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour la Zone Euro.
Si la France est dégradée, que ses obligations sont vendues en masse, et que les taux explosent, cela enverrait un très mauvais signal sur la stabilité de la zone euro.
La France, c’est la deuxième économie de la zone euro. Une perte de crédibilité française affaiblirait tout l’édifice européen aux yeux des investisseurs mondiaux.
Conséquences possibles sur l’euro :
- Baisse de l’euro face au dollar et aux autres grandes monnaies (car les investisseurs chercheraient refuge ailleurs).
- Hausse des primes de risque sur d’autres pays fragiles (Italie, Espagne, Belgique…).
- Tensions énormes sur la BCE, qui serait obligée d’intervenir massivement pour rassurer les marchés.
- Crainte d’une fragmentation financière au sein de la zone euro (un peu comme en 2012 pendant la crise des dettes souveraines).
En résumé : l’euro pourrait chuter, au moins temporairement, et les spreads (écarts de taux entre pays européens) pourraient se tendre dangereusement.
Si l’euro baisse trop, cela renforce l’inflation importée en Europe (tout ce qu’on achète en dollars, comme le pétrole, devient plus cher). Cela mettrait encore plus la pression sur la BCE, qui pourrait devoir choisir entre soutenir l’économie ou défendre la monnaie.
Personnellement, j’ai converti une partie de mes euros en franc suisse et en Or. Les actions européennes pourraient en prendre un coup également… Il serait intéressant de privilégier des entreprises exportatrices (ces entreprises profiteront d’un euro faible pour vendre à l’international).
Bref, faite attention à votre portefeuille ! Nous naviguons en eaux troubles.
Le 30/05, l’agence de notation Standard & Poor’s devra, elle aussi, donner une note à la France… Est-ce que ça sera l’événement déclencheur ?