Demande d'avis et opinion sur invest BSA Air

Bonjour,

J’ai un ami qui a développé une très bonne application, avec déjà pas mal d’utilisateurs et ce en seulement quelques mois. Comme tout business, il y a des challenges mais je ne doute pas franchement du succès à moyen terme de l’application.

Les fondateurs sont à la recherche de fond et planifient une levée de fond d’ici début 2025. Hormis ça ils vivent et la fond tourner (serveur, pub) sur leur budget personnel qui est très limité. Ils sont donc entrain de faire un premier round autour des amis et de la famille à travers des BSA Air pour nous permettre d’investir de manière reglo.

Ne connaissant pas encore bien l’investissement mais ayant un peu de cash à mettre dans des projets auxquels je crois, j’aurais aimé connaître vos opinions. Je comprends que c’est très risqué notamment puisque l’app n’a pas encore d’investisseurs sérieux ni de renommé particulière. Mon intérêt se trouve également dans le retour sur investissement d’ici quelques années.

Est-ce que j’ai raison d’espérer qu’à travers ce type d’investissement à la hauteur de 5k-10k€ je peux espérer un retour intéressant des que l’application connaîtra une vraie levée de fond de l’ordre de 400k€-1m€ ou plus ?

Merci !

Hello @Paul146,

Le BSA-AIR (bon de souscription d’action - accord d’investissement rapide) est un mécanisme qui permet à des porteurs de projet de lever des fonds rapidement auprès d’investisseur sans vendre leurs parts à l’instant T et sans se diluer. C’est très souvent utilisé en phase d’amorçage quand le projet vient de démarrer et qu’il est encore difficile, voire impossible, d’aller se financer auprès des VC et des institutionnels.

L’investisseur, quant à lui/elle, achète à ce stade un bon qui lui permettra ensuite d’acquérir des parts de la société lors du prochain tour de levée de fonds sur une valorisation déjà négociée à l’avance et avec un discount sur le prix de la part. En achetant un BSA AIR aujourd’hui, l’investisseur sait déjà qu’il ou elle pourras transformer le BSA AIR en un certain nombre d’actions lors du prochain tour (pre-seed, seed ou série A) en fonction de la revalorisation de l’entreprise.

L’avantage du BSA-AIR c’est que la valorisation la plus basse (le floor) est dĂ©jĂ  dĂ©terminĂ©e Ă  l’avance ainsi que la valorisation la plus haute (le cap) Ă©galement. Lors du nouveau tour de financement, si la valorisation de la sociĂ©tĂ© dĂ©passe la valorisation « cap Â» dĂ©finie au tour de BSA-AIR prĂ©cĂ©dent, alors tu seras « protĂ©gĂ© Â» pour convertir ton BSA-AIR en actions sur la valorisation cappĂ©e, peu importe si les nouveaux entrants paient eux plus cher.

Pour autant, il y aura quasiment 0 chance que tu puisses sortir au tour de refinancement suivant, sauf à pouvoir revendre ton BSA AIR à quelqu’un d’autre. Mais ça, le pacte d’associés ne le permet pas nécessairement ou bien il arrive qu’il le permette sous des conditions strictes et encadrées.

Si tu décides d’investir une somme en échange d’un BSA-AIR, tu auras peut-être l’occasion de sortir au moment d’une série A ou d’une série B si la boîte fait un tour auprès d’un VC, d’un family office ou bien d’institutionnels.

Le monde du private equity est très illiquide. Dis toi que l’argent que tu places sera bloqué pour au moins 5 ans, si ce n’est parfois plus… Et les chances de faire une plus-value sont maigres également.

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Hello et merci beaucoup pour ton retour très clair. C’est bien ce que j’avais compris dans l’ensemble.

Si la valorisation de la société dépasse la valorisation « cap » définie au tour de BSA-AIR précédent, alors tu seras « protégé » pour convertir ton BSA-AIR en actions sur la valorisation cappée, peu importe si les nouveaux entrants paient eux plus cher.
=> que se passe-t’il si la valorisation reste en dessous ?

Et les chances de faire une plus-value sont maigres Ă©galement.
=> Puisque dans la plus part des cas ça crache ?

Bien Ă  toi

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Oui, si les fonds de Venture Capital performent (quand ils performent) c’est parce qu’ils prennent des risques important, mais que ces derniers sont plus ou moins dillués sur le nombre de deals que fait le fonds.

Ils essayent de trouver un investissement qui fera x50 à chaque fois, et quand ça rrive et qu’une ligne du portefeuille fait x50, ça permet de rembourser les 40 et quelques autres lignes qui ont cracher et de faire un bénéfice.

À tout de voir rationnellement si cette opoortunité te parait en adéquation avec le reste de tes investissements, et te posant une question simple : si ce n’était pas ton ami, est-ce que tu investirais ?

Ce n’est pas pour rien qu’on appelle ça de la « love money Â».
Considère cet argent comme perdu. Comme une aide pour un proche que tu souhaites voir réussir.
Ca n’a peu de sens d’en espérer un retour, surtout sans diversification.

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Hello @Paul146,

De rien :slight_smile:

Bonne question… La valorisation plancher est celle qui s’applique si la levée de fonds suivante ne se fait pas. L’investisseur pourra donc convertir ses BSA-AIR en actions sur la base de la valorisation plancher.

Il ne sera donc pas dans l’intérêt des fondateurs de réaliser une levée sur une base de valorisation inférieure à celle des entrants avec des BSA-AIR. C’est aussi pour cela qu’il faut bien vérifier que la valorisation plancher n’est pas surévaluée dès le départ pour ne pas se retrouver coincer avec ses BSA-AIR ou bien des actions exercées sur une valorisation plancher dont les prochains investisseurs potentiels ne voudront pas entrer.

Tu as des infos intéressantes sur le site de Qonto qui décrit toute la mécanique des BSA-AIR.

Rares sont les startups françaises qui parviennent Ă  survivre, devenir rentable et rĂ©aliser un exit avec forte plus-value pour ses actionnaires historiques. Par dĂ©finition, la quasi totalitĂ© des startups ne sont pas rentables puisqu’elle ne font que cramer du cash (« cash burn Â») pendant des annĂ©es pour soutenir leur croissance / hyper croissance.

Les investisseurs / business angels parient donc sur une hypothétique sortie positive par un rachat de la société (par une autre entité ou bien par les fondateurs eux-mêmes) ou bien par une introduction en bourse. Dans le deuxième cas, rares sont celles qui arrivent à atteindre ce stade, surtout en France.

Dans le meilleur des cas, les investisseurs entrés lors des tours d’amorçage, de pre-seed, seed ou de série A, espèrent pouvoir sortir en revendant leurs titres aux gros poissons lors d’une série B ou C. Là encore, rares sont les startups françaises qui atteignent ces tours là. Eventuellement, ils vont espérer voir peut être un jour récupérer une partie de leur investissement sous la forme de dividendes mais pour cela, il faut encore que la société devienne rentable à un moment.

Enchaîner les tours de levée de fonds n’est pas nécessairement un bon signe de bonne santé de la société non plus. Cela signifie que la société a encore besoin de plus de cash pour continuer de se développer et/ou faire face à ses dettes contractées avant. Ce sont aussi des opérations qui sont généralement fortement dilutives pour les petits actionnaires. C’est bien souvent qu’une fuite en avant pour espèrer ne pas mourir le plus rapidement possible.

Les belles entreprises qui réussissent sont en fait celles qui savent vendre leurs produits / services et qui maîtrisent leur croissance et leur santé financière. Ces boîtes là, elles lèvent rarement des fonds.

Dans les opérations de levée de fonds, les vrais gagnants sont bien souvent tous les intermédiaires qui réalisent les opérations :

  • Les cabinets d’avocats qui font la paperasse juridique
  • Les banques
  • Les fonds d’investissement qui font payer des fees Ă  leurs adhĂ©rents sur les deals

Même les fondateurs n’y gagnent pas nécessairement car ils ne peuvent pas toujours prend du cash sur ces opérations. Ils perdent surtout du pouvoir en faisant entrer de nouveaux actionnaires.

Investir dans une startup c’est bien souvent succomber au charme d’un beau récit (le pitch) romancé et édulcoré mais où la réalité d’exécution est en fait tout autre au final. Ca ne veut pas dire que certaines boîtes ne vont pas réussir et rendre riches leurs actionnaires historiques mais elles sont rares, très rares…

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Hello et merci encore une fois pour cette réponse détaillée.

Est-ce qu’il y a une possibilitĂ© « concrète Â» de simuler le gain potentiel si jamais la valeur floor ou CAP est dĂ©passĂ©e au vu des donnĂ©es partagĂ©es dans le contrat de BSA Air ?

Bien Ă  toi,