Hari Seldon découvre Finary

**Hari Seldon découvre Finary **

Nous sommes en 2024. Un Ă©cran s’allume dans une piĂšce sombre. Une silhouette Ă©merge du nĂ©ant, ajustant les plis de sa robe de scientifique. Hari Seldon, mathĂ©maticien et fondateur de la psychohistoire, vient d’ĂȘtre rĂ©activĂ©.

Pour ceux qui ne connaissent pas Fondation d’Isaac Asimov, Hari Seldon est un gĂ©nie fictif capable de prĂ©voir l’effondrement des civilisations grĂące Ă  sa science des cycles historiques. Son rĂŽle ? PrĂ©parer l’humanitĂ© aux crises Ă  venir en crĂ©ant une Fondation, un refuge intellectuel conçu pour prĂ©server et transmettre le savoir nĂ©cessaire Ă  la reconstruction.

Son programme de prédiction vient de se déclencher. Quelque chose ne va pas.

Le temps de s’adapter Ă  ce 21ᔉ siĂšcle, il parcourt les derniĂšres innovations financiĂšres et tombe sur une plateforme qui fait beaucoup parler d’elle : Finary. Un outil conçu pour suivre son patrimoine avec des analyses dĂ©taillĂ©es.

Seldon, curieux, s’y connecte. Quelques clics plus tard, il fronce les sourcils. Il voit l’erreur.

— « Par l’Empire ! OĂč sont les obligations ?! Â»

Finary est un outil puissant, mais pourrait aller bien plus loin en intégrant des fonctionnalités qui tiennent compte de la réalité économique et patrimoniale.


** La nébuleuse du MSCI World **

Mounir, fondateur de Finary, accueille Seldon avec un sourire.

— Mounir : « Bienvenue ! Vous allez voir, Finary est conçu pour vous aider Ă  suivre votre patrimoine et Ă  comparer vos performances au MSCI World. Â»

Seldon hausse un sourcil.

— Hari Seldon : « Donc votre rĂ©fĂ©rence ultime, c’est cet indice boursier global ? Vous comparez tous les investisseurs Ă  un fonds sans contrainte de liquiditĂ© ? Â»

Mounir se fige un instant.

— Mounir : « Le MSCI World est un excellent benchmark. Sur le long terme, il fait en moyenne 8% par an. Â»

— Hari Seldon : « Ah, je vois. Vous partez du principe que tout le monde peut attendre 50 ans sans jamais toucher Ă  son argent. Une belle thĂ©orie. Mais que faites-vous des gens qui doivent cash-out en pleine crise ? Â»

Mounir réfléchit.

— Mounir : « Sur le long terme, la volatilitĂ© se lisse. Â»

— Hari Seldon : « Oui, sauf que les investisseurs ne sont pas immortels. Ce n’est pas la moyenne qui compte, c’est le chemin pour y arriver. Un surfeur doit-il seulement connaĂźtre la hauteur moyenne des vagues, ou aussi les chances qu’un rouleau gĂ©ant l’écrase ? Â»

Il secoue la tĂȘte. La psychohistoire le prĂ©dit : sans outils pour comprendre le risque, de nombreux investisseurs sont condamnĂ©s Ă  vendre au pire moment.

Seldon s’appuie contre la table et pose son diagnostic :

— Hari Seldon : "Vous devez ajouter un indicateur de volatilitĂ© pour mesurer le risque rĂ©el. Et puis, oĂč sont les autres indicateurs?


1. Les obligations : la défense oubliée contre le chaos

Le Finary One, vaisseau amiral de la gestion patrimoniale, est censĂ© offrir aux investisseurs une vision claire et complĂšte de leur patrimoine. Tout est censĂ© ĂȘtre accessible, structurĂ©, sans zone d’ombre.

C’est du moins ce qu’on m’a vendu.

InstallĂ© dans le cockpit, j’examine l’écran de navigation. L’interface est fluide, les donnĂ©es bien organisĂ©es, tout semble en ordre.

Je scrolle.

Les actions et fonds s’affichent proprement. Les mĂ©taux prĂ©cieux sont bien lĂ . Le cash aussi.

Je scrolle encore.

Je fronce les sourcils.

Je scrolle une troisiĂšme fois.

Puis je me fige.

— Hari Seldon : « Mounir
 oĂč sont les obligations ? Â»

Mounir relĂšve la tĂȘte, interloquĂ©.

— Mounir : « Elles sont lĂ , dans Actions et Fonds. Vous voyez, il y a des fonds obligataires et quelques ETF. Â»

Je cligne des yeux.

— Hari Seldon : « Donc, vous me dites que je n’ai aucun moyen de voir combien j’ai en obligations en tout, que les obligations individuelles n’apparaissent mĂȘme pas sĂ©parĂ©es, et que les ETF d’obligations sont mĂ©langĂ©s avec ceux d’actions ? Â»

Mounir sourit, un peu crispé.

— Mounir : « C’est plus simple comme ça. Â»

Je prends une profonde inspiration.

— Hari Seldon : « Mounir
 une obligation ultra-courte, c’est du cash amĂ©liorĂ©. Une obligation longue, c’est une protection en cas de crise. Une obligation indexĂ©e sur l’inflation suit une dynamique totalement diffĂ©rente. Une obligation corporate et une obligation d’État n’ont rien en commun. Vous mĂ©langez tout ça et vous appelez ça une vue patrimoniale ? Â»

Je pointe l’écran.

— Hari Seldon : « Quand les taux baissent, les obligations longues montent. Elles amortissent les chocs Ă©conomiques. Quand l’inflation grimpe, seules celles indexĂ©es suivent le mouvement. Les obligations ultra-courtes servent Ă  gĂ©rer la liquiditĂ©, rien de plus. Â»

Mounir prend des notes.

— Mounir : « Donc, il faudrait afficher
 une rĂ©partition par maturitĂ©, une distinction entre obligations d’État et corporate, et une visibilitĂ© sur le rendement rĂ©el aprĂšs inflation ? Â»

J’acquiesce.

— Hari Seldon : « Sinon, un investisseur peut croire qu’il a un portefeuille Ă©quilibrĂ© alors qu’en rĂ©alitĂ©, il est totalement dĂ©salignĂ©. Â»

Mounir hoche la tĂȘte.

— Mounir : « Bon, je vois l’idĂ©e. On va amĂ©liorer ça. Â»

Je me détends un peu.

Puis mon regard tombe sur autre chose.

Je fronce les sourcils.

Je scrolle Ă  nouveau.

— Hari Seldon : « Mounir
 dites-moi que ce n’est pas vrai. Â»

— Mounir : « Quoi encore ? Â»

— Hari Seldon : « Pourquoi une obligation d’État suisse et une obligation Atos sont-elles dans la mĂȘme section ? Â»

Mounir cligne des yeux.

— Mounir : « C’est
 une obligation aussi. Â»

Je lĂąche un rire bref, sans joie.

— Hari Seldon : « Mounir
 une obligation suisse, c’est une rĂ©fĂ©rence de stabilitĂ©. Une obligation Atos, c’est un pari sur une entreprise qui s’est endettĂ©e Ă  un niveau tel que mĂȘme ses crĂ©anciers commencent Ă  douter qu’ils reverront leur argent. Â»

Mounir grimace.

— Mounir : « C’est pas Atos qui a accumulĂ© tellement de dettes que mĂȘme les banques ont commencĂ© Ă  faire des plans d’urgence ? Â»

— Hari Seldon : « Si. Ils ont tellement empruntĂ© sous Thierry Breton que mĂȘme les marchĂ©s se sont demandĂ© s’ils n’étaient pas en train de rejouer la crise des subprimes en solo. Le jour oĂč les investisseurs ont compris que tout reposait sur des rachats d’actifs financĂ©s Ă  crĂ©dit et un optimisme un peu trop dĂ©bridĂ©, l’effondrement a Ă©tĂ© immĂ©diat. Â»

Mounir éclate de rire, puis se reprend.

— Mounir : « Mais la BCE rachĂšte des obligations corporate, donc c’est sĂ©curisĂ©, non ? Â»

Je ferme lentement les yeux.

— Hari Seldon : « Oui, jusqu’à ce qu’elle arrĂȘte. Et ce jour-lĂ , on verra qui flotte et qui coule. Â»

J’affiche une courbe.

— Hari Seldon : « LĂ , une obligation d’État suisse. Stable, rĂ©sistante. LĂ , Atos. Vous voyez la chute verticale ? C’est ce qu’il se passe quand on rĂ©alise qu’une entreprise ne peut pas rouler sa dette Ă©ternellement. Â»

Mounir note rapidement.

— Mounir : « Donc, il faut sĂ©parer obligations souveraines et corporate, afficher leur notation de crĂ©dit, et Ă©viter qu’un investisseur pense qu’un emprunt Atos vaut une dette suisse. Â»

J’acquiesce.

— Hari Seldon : « Sinon, il dĂ©couvrira la vĂ©ritĂ© au moment prĂ©cis oĂč il voudra vendre
 et oĂč il rĂ©alisera qu’il n’y a plus d’acheteurs. Â»

Mounir soupire.

— Mounir : « Bon, je vais corriger tout ça. Â»

Il marque une pause.

— Mounir : « Mais sĂ©rieusement, vous ne voulez pas gĂ©rer la BCE Ă  la place de Lagarde ? Â»

Je souris.

"Non merci. Je prĂ©fĂšre les systĂšmes qui fonctionnent sans qu’on doive constamment imprimer de l’argent pour les maintenir en vie. D’ailleurs, si Lagarde voyait ce tableau de bord, elle dirait sĂ»rement qu’il faut ajouter un bouton ‘Rachat illimité’ pour stabiliser le marché  et un autre pour interdire les cryptos, histoire de s’assurer que personne ne puisse jamais sortir du systĂšme

2. L’or

L’interface du Finary One commence enfin à ressembler à un tableau de bord digne de ce nom.

Les obligations sont visibles. On sait combien on en détient, leur maturité, si elles sont souveraines ou corporate. Les investisseurs ne piloteront plus leur portefeuille comme un vaisseau sans radar.

Je souffle, satisfait.

Puis je continue mon exploration.

Une section attire mon attention : Métaux précieux.

Je clique.

Enfin, de l’or.

Je me détends légÚrement
 puis je fronce les sourcils.

Je scrolle.

Je plisse les yeux.

Puis je me tourne vers Mounir, l’air perplexe.

— Hari Seldon : « Attendez
 oĂč sont mes ETC or ? Â»

Mounir relĂšve la tĂȘte.

— Mounir : « Ah ! Ils sont dans la section Actions et Fonds. Â»

Silence.

Je cligne lentement des yeux, comme un pilote rĂ©alisant que quelqu’un a mis les torpilles Ă  proton dans la soute des provisions alimentaires.

— Hari Seldon : « Donc
 mon lingot stockĂ© dans un coffre et mes ETC or sont sĂ©parĂ©s dans deux catĂ©gories diffĂ©rentes ? Â»

Mounir hoche la tĂȘte, l’air satisfait.

— Mounir : « Oui. L’or physique est classĂ© dans les mĂ©taux prĂ©cieux, et l’or papier est traitĂ© comme un fonds d’investissement. Â»

Un léger grésillement résonne dans le cockpit.

L’hologramme d’un homme apparaüt lentement, prend forme.

Un costume impeccable. Une montre qui capte chaque reflet lumineux. Assis dans un fauteuil en cuir, un verre Ă  la main, le Prince Cahuzac nous observe avec un sourire discret, presque complice.

— Prince Cahuzac : « Vous savez, un jour, on m’a demandĂ© oĂč Ă©tait mon or. Â»

Il fait tourner son verre lentement entre ses doigts.

— Prince Cahuzac : « J’ai rĂ©pondu : ‘Tout est en sĂ©curité’. Et c’était vrai. Â»

Il marque une pause, puis laisse échapper un léger soupir amusé.

— Prince Cahuzac : « Disons simplement que lorsque certains ont ouvert les coffres Ă  Paris
 ils n’y ont trouvĂ© que de l’air. L’or, lui, Ă©tait bien lĂ . À GenĂšve. En ETC. Â»

Mounir cligne des yeux.

Je me passe une main sur le visage.

— Hari Seldon : « Mounir, vous rĂ©alisez que vous appliquez exactement la mĂȘme logique ? Â»

Mounir hésite.

— Mounir : « Ce n’est pas
 exactement pareil. Â»

Je croise les bras.

— Hari Seldon : « Bien sĂ»r. Mais dites-moi, si un investisseur consulte son patrimoine et ne voit pas son or dans la bonne section
 c’est qu’il est bien cachĂ©, non ? Â»

L’hologramme du Prince Cahuzac esquisse un sourire.

— Prince Cahuzac : « Ah
 la subtilitĂ© des classifications. Redoutable outil. Mais parfois, il vaut mieux que tout soit au mĂȘme endroit. Â»

— Hari Seldon : « Ah bon ? Donc si un investisseur dĂ©tient un lingot Ă  GenĂšve et un ETC d’or stockĂ© chez HSBC, il voit son or affichĂ© en deux endroits diffĂ©rents alors qu’il possĂšde la mĂȘme exposition. C’est absurde. Â»

L’hologramme du Prince Cahuzac hoche la tĂȘte avec un sourire entendu.

— Prince Cahuzac : « Moi aussi, un jour, j’ai cru que ça ferait une diffĂ©rence. Â»

Mounir semble troublé.

— Mounir : « Mais
 l’ETC or est un produit financier, non ? Â»

Je lĂšve un sourcil.

— Hari Seldon : *"Ah. Donc dans votre logique, possĂ©der un ETC or c’est comme dĂ©tenir
 quoi ?

Je fais dĂ©filer les catĂ©gories sur l’écran.

L’ETF or est bien classĂ© dans les Actions et Fonds, entre un fonds sur la tech chinoise et une action McDonald’s.

Je lĂšve les mains.

— Hari Seldon : « Donc selon vous, un ETC adossĂ© Ă  de l’or est plus proche d’un investissement dans un fabricant de hamburgers que d’un lingot stockĂ© dans un coffre ? Â»

Mounir ouvre la bouche
 puis se ravise.

— Mounir : « Ok, vu comme ça
 Â»

Je continue.

— Hari Seldon : « L’or, sous toutes ses formes, n’est pas une action. Il ne gĂ©nĂšre pas de dividendes, il ne produit rien. Son rĂŽle, c’est de protĂ©ger la valeur, comme un bouclier en cas de tempĂȘte. Â»

Je projette un graphique sur l’écran.

— Hari Seldon : « Regardez. Peu importe la forme, l’or suit la mĂȘme dynamique. Que ce soit un lingot dans un coffre, un ETC, un certificat adossĂ© Ă  des barres d’or physiques
 C’est toujours de l’or. Et il doit apparaĂźtre au mĂȘme endroit. Â»

Mounir prend des notes.

— Mounir : « Donc, on regroupe tout l’or dans une seule catĂ©gorie, avec une distinction entre or physique et or financier. Â»

J’acquiesce.

— Hari Seldon : « Exactement. Comme pour les obligations : une visibilitĂ© complĂšte, mais avec des diffĂ©rences de structure bien indiquĂ©es. Cela permettra aussi d’afficher directement les frais associĂ©s. Â»

Mounir hoche la tĂȘte.

— Mounir : « Ah oui, les frais
 Parce que si quelqu’un hĂ©site entre un lingot et un ETC, il faut qu’il puisse voir que l’un a des coĂ»ts de stockage et l’autre des frais de gestion, non ? Â»

— Hari Seldon : « Exactement. Sans cette information, il pilote en hyperespace sans voir la consommation de carburant. Â»

L’hologramme du Prince Cahuzac lisse la manche de son costume, l’air songeur.

— Prince Cahuzac : « Bon, cette fois, on dirait que tout est bien en ordre. Dommage
 je commençais Ă  apprĂ©cier ce petit flou artistique. Â»

Son image grésille et disparaßt.

Mounir souffle un grand coup.

— Mounir : « Bon, ça c’est fait. On s’attaque Ă  quoi maintenant ? Â»

Je regarde l’écran.

Je scrolle encore.

Puis je souris.

— Hari Seldon : « Mounir
 parlons maintenant des devises. Â»


3. Les devises

Sûr de lui.

— Hari Seldon : « Regardez
 ce portefeuille affiche +12%, alors que les actions que l’ETF contient ont fait +25%. Pourquoi cette diffĂ©rence ? Â»

Mounir jette un Ɠil Ă  l’écran.

— Mounir : « L’euro s’est apprĂ©ciĂ© face Ă  la roupie. Votre ETF est en euros, donc il masque l’impact du change. Â»

Seldon fronce les sourcils.

— Hari Seldon : « Donc d’un autre cĂŽtĂ©, un investisseur europĂ©en peut tranquillement penser qu’il surfe sur la croissance indienne
 alors qu’en rĂ©alitĂ©, il s’est juste fait Ă©picer son rendement par un Vindaloo trop relevĂ© ? Â»

Mounir esquisse un sourire.

— Mounir : « Euh
 oui. Mais
 on ne peut pas dire ça. Â»

Seldon lĂšve un sourcil.

— Hari Seldon : « Pourquoi ? Parce que c’est raciste ? Â»

— Mounir : « Un peu. Â»

Seldon croise les bras.

— Hari Seldon : « TrĂšs bien. Dans ce cas, disons juste que sans suivi des devises, l’investisseur n’a aucune idĂ©e de ce qu’il mange. Un ETF libellĂ© en euros va lisser les effets de change, mais si l’euro se renforce face Ă  la roupie, une performance exceptionnelle en Inde peut se transformer en simple plateau-repas d’aĂ©roport. Â»

Mounir prend des notes.


**4. Les quatre cadrans **

Seldon observe l’interface de Finary, pensif. Il y voit bien des sections Actions, Obligations, MĂ©taux prĂ©cieux, Cash
 Mais quelque chose lui manque. Une vision d’ensemble.

Il se tourne vers Mounir, l’air songeur.

— Hari Seldon : « Dites-moi, Mounir, vous avez dĂ©jĂ  entendu parler de la montre Ă  quatre cadrans de NapolĂ©on ? Â»

Mounir plisse les yeux.

— Mounir : « Euh
 non, je ne crois pas. Â»

Seldon sourit légÚrement.

— Hari Seldon : « Normal, elle n’a jamais existĂ©. Mais elle aurait dĂ». Â»

Mounir croise les bras.

— Mounir : « D’accord, je vous Ă©coute. Â»

Seldon s’appuie contre l’écran.

— Hari Seldon : « Imaginez. NapolĂ©on, gĂ©nie militaire, maĂźtrise chaque champ de bataille. Mais quand il entre en Russie, tout change. L’hiver, la logistique, l’allongement des lignes de ravitaillement. Il avance, mais il ne voit pas les dĂ©sĂ©quilibres grandir. Il pensait avoir du temps, il n’en avait pas. Â»

Mounir hoche lentement la tĂȘte.

— Hari Seldon : « Maintenant, transposez ça Ă  un investisseur. Il pense ĂȘtre diversifiĂ©, mais il ne voit pas que ses obligations se font grignoter par l’inflation, que son cash fond en valeur rĂ©elle, que son or prend trop de place aprĂšs un rallye
 Il ne s’en rend compte que trop tard, au moment oĂč il doit prendre une dĂ©cision stratĂ©gique. Exactement comme NapolĂ©on en Russie. Â»

Il marque une pause et ajoute :

— Hari Seldon : « C’est pour ça qu’il lui aurait fallu une montre Ă  quatre cadrans. Un outil qui lui montre l’état des quatre grands piliers de son empire en temps rĂ©el : ses forces de terrain, son ravitaillement, ses rĂ©serves et son Ă©quilibre stratĂ©gique. S’il avait eu ça, il n’aurait jamais laissĂ© Moscou lui glisser entre les doigts. Â»

Mounir réfléchit un instant.

— Mounir : « Donc ce que vous dites, c’est qu’on a bien les donnĂ©es dans Finary
 mais il manque la montre. On a les chiffres, mais pas la vision globale. Â»

Seldon pointe du doigt l’écran.

— Hari Seldon : « Exactement. Vous devez ajouter une section Patrimoine Financier. Une vue cockpit qui affiche l’équilibre des quatre cadrans essentiels : Actions, Obligations, MĂ©taux prĂ©cieux et Cash. Â»

Mounir prend des notes.

— Hari Seldon : « Et surtout, il faut un indicateur qui signale quand un cadran devient trop dominant. Si l’or explose en valeur, il faut voir en un coup d’Ɠil qu’il est peut-ĂȘtre temps de vendre et de rĂ©allouer ailleurs. Si les obligations deviennent trop faibles, il faut savoir qu’on prend un risque sur la stabilitĂ© du portefeuille. Â»

Mounir acquiesce.

— Mounir : « Donc avec cette montre Ă  quatre cadrans, plus de mauvaise surprise. Plus de portefeuille qui se dĂ©sĂ©quilibre sans qu’on s’en rende compte. Â»

Seldon hoche la tĂȘte.

— Hari Seldon : « Exactement. Parce qu’un investisseur qui ne surveille pas ses allocations, c’est un peu comme NapolĂ©on en Russie : il pense avoir conquis le marché  jusqu’au moment oĂč tout s’effondre d’un coup. Â»

Mounir esquisse un sourire.

— Mounir : « Et si jamais un jour un nouvel empire financier se lĂšve pour tout bouleverser ? Â»

Seldon lĂšve un sourcil, songeur.

— Hari Seldon : « Ah
 Vous parlez de cet Ă©trange signal qui vient du systĂšme boursier de Moscou ? Un mouvement soudain sur l’or, le pĂ©trole, et
 les drones autonomes ? Â»

Mounir rit.

— Mounir : « Ne me dites pas que Poutine s’est cryogĂ©nisĂ© et qu’il est en train de relancer un nouvel Ă©talon-or galactique ? Â»

Seldon soupire, l’air las.

— Hari Seldon : « Je vous avais dit de garder un Ɠil sur la montre
 Â»

26 « J'aime »

Excellent, bravo !

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Super , trÚs bien écrit.
J espĂšre que l effort d Ă©criture va ĂȘtre rĂ©compensĂ© par la crĂ©ation de choses simples comme le classement des etc or en mĂ©taux prĂ©cieux, la prise en charge des oblig dans une catĂ©gorie propre et pourquoi pas les REITS dans la catĂ©gorie immobilier

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Ce que j’aime sur ce forum c’est que tous les matins je me lĂšve moins inculte, mĂȘme si cela attise ma curiositĂ© et oblige de faire des recherches sur le net. Bon ça Ă©courte un peu ma nuit mais ça vaut le coup.
Bravo pour cette fiction qui on l’espĂšre sera mise Ă  l’honneur par exemple dans une vidĂ©o rĂ©ponse et la prise en compte pour l’évolution de l’appli.
:+1: :+1: :+1:

1 « J'aime »

Notons qu’Hari Seldon ne mentionne mĂȘme pas les SCPI. J’imagine que tous les produits opaques dans lesquels les intermĂ©diaires se gavent sans qu’on ait la moindre visibilitĂ© dessus, sont vantĂ©s comme des produits Ă  volatilitĂ© faible mais font -40% dans l’annĂ©e pour certains
ont Ă©tĂ© interdits par ClĂ©on ou la junte qui lui a succĂ©dĂ©.

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je pense qu’il ne faut pas mettre toutes les SCPI Ă  la poubelle, c’est juste que ce n’est pas aussi passif qu’un ETF world dans le sens oĂč il faut

  • faire une sĂ©lection sur les SCPI, il n’y a pas d’etf avec la perf moyenne de toutes les SCPI
  • Ă  minima lire les rapports de gestion trimestriel pour pouvoir arbitrer si besoin
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Tout ce travail pour un rar aussi faible bof

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FĂ©licitations pour l’écriture. EspĂ©rons qu’un membre de l’équipe puisse y jeter un oeil et remonter tout ce qu’il y a d’intĂ©ressant !

Le truc, c’est que tu ne peux pas vraiment arbitrer, parce que les frais d’entrĂ©e sont tels qu’il est plus difficile de couper ses pertes. Je ne parle pas de l’illiquiditĂ© ni du fait que le particulier est dĂ©favorisĂ© par rapport Ă  l’insider. Tout cela n’est pas vrai avec un ETF World.
Mais comme disait Harry Seldon: « Moi je mets tout sur un ETF monde en PEA, mais chacun fait ce qu’il veut Â».

Excellent texte ! TrĂšs amusant Ă  lire, avec des remarques pertinentes !
Je commente dans l’espoir que d’autres verront ce superbe post !

Depuis le temps que je voulais lire Asimov


Merci pour ce post ! Une partie des lacunes seront comblées grùce à la [Fonctionnalité] Vue par classes d'actifs , sur laquelle on travaillera au cette année.

Pour le reste on prend note.

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