"J'ai une conviction sur..." đźš©

Vous avez peut-être eu le même sentiment que moi, en lisant des témoignages sur ce site ou ennregardant des vidéos sur Youtube, notamment celles du patron de ce site.

Quand une personne parle de ses placements, elle commence en gĂ©nĂ©ral en prĂ©sentant ce qui est rationnel et admis par tous (faire du DCA sur un ETF MSCI World en PEA), et quand ça commence Ă  vriller vers le n’importe quoi, elle prĂ©cise « j’ai une conviction sur… Â»â€¦

Et là elle annonce son investissement foutraque (50% de son patrimoine en cryptos, allocation sur un ETF thématique obscure ou au contraire très à la mode).

Mon sentiment est que la finance personnelle s’accommode mal des « convictions Â» d’un lambda (je m’inclus dans ce terme pĂ©joratif).

Nos « convictions Â» ont peu de chances d’être supĂ©rieures au marchĂ© dans sa globalitĂ©.
Bref, suivre ses convictions, c’est faire une connerie.

Et vous, qu’en pensez-vous ?

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Oui, c’est vrai, mais ça fait le sel de l’investissement.

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Vu que le but est d’ouvrir le débat, je vais te prendre aux mots.

Par marché dans sa globalité, tu parles d’un ACWI ?
Parce qu’il y a plein de raisons tout Ă  fait rationnelles de faire quelques arbitrages par « conviction Â», celles-ci ne sont pas toujours basĂ© sur du vent : contexte Ă©conomique mondial, dĂ©mographie, gĂ©opolitique, rĂ©gimes politiques, il y a quand mĂŞme des mĂ©gatendances qu’on ne peut ignorer.

Après il est Ă©vident qu’il y a des convictions qui partent d’une intuition qui n’a pas du tout Ă©tĂ© challengĂ© par la personne qui l’annonce « je vais prendre un ETF water parce que l’eau sera un enjeux de demain Â», oui l’eau est enjeux mais la corrĂ©lation entre la question gĂ©opolitique et la surperformance potentielle des entreprises actives dans ce secteur me parait pour le moins osĂ©e.

Evidemment, je n’évoque même pas les convictions plus intimes liées à des envies : ESG, éviter les régimes illibéraux (tu me feras pas mettre un sous en Chine, ni en Arabie Saoudite par exemple) ou parce qu’on a envie de soutenir un secteur qui nous parle (le médecin qui veut investir dans la pharma).

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Amen, bro.

A quelques subtilités près… :grin:

Si par conviction, on entend « je pense que le rendement de telle ou telle large cap sera supĂ©rieur au marchĂ© parce que je pense ce que qu’elle fait c’est [introduire un synonyme de trop de la balle] Â» alors oui, clairement, c’est pĂ©cher par arrogance. L’information dont tout le monde dispose ne vaut Ă  peu près rien.

De mĂŞme, si c’est parce qu’on a regardĂ© les bonnes perfs des trois dernières annĂ©es d’un titre (ou d’un indice, voire d’une classe d’actif) qu’on a forgĂ© cette « conviction Â», lĂ  encore c’est a priori une ânerie. L’AMF ne serine pas que « les performance passĂ©es, ne prĂ©jugent pas des futures Â» pour rien : c’est empiriquement Ă©tabli et conforme aux bases thĂ©oriques de la finance.

La question est est-ce qu’on peut exploiter à profit ces information ? Je me méfie de mon évaluation des effets des gros mouvements économiques / géopolitiques / sociétaux. Quand on n’a pas de manière d’évaluer ex-ante ses chances de ne pas se planter, je pense qu’il vaut mieux s’abstenir. Les phénomènes qu’un quidam de base peut estimer dans son coin ont probablement été intégrés dans les prix par les gros poissons des marchés. Acheter ou vendre implique que quelqu’un prend la position inverse… et le fretin se fait généralement bouffer par les requins.

On doit pouvoir commencer à avoir des convictions lorsqu’on fait partie d’une frange très minoritaire de gens très bien informés, très disciplinés et très malins qui ont une chance raisonnable de générer de l’alpha. Ceux dont Buffet disait qu’il en avait rencontré une dizaine dans sa vie. Je ne sais pas pour vous, mais je suis convaincu de ne pas en faire partie !

Après, si on parle de convictions plus modestes, du genre « la prime de risque des actions devrait probablement rester plus Ă©levĂ©e que celle des obligations sur le long terme donc ça se justifie d’avoir des actions Â» ou « ne pouvant pas prĂ©dire quels secteurs et pays vont le mieux performer sur mon horizon d’investissement, il est raisonnable de s’exposer Ă  tous Â» ou « j’évalue que j’aurai trop les chocottes si le marchĂ© dĂ©visse comme en 2008 donc je plafonne ma position actions Ă  x% Â»â€¦ Alors oui, on peut plus raisonnablement investir sur des convictions. En doutant. :sweat_smile:

Je préfère sans sel, mais avec de bonnes chances d’avoir plus de beurre à la fin. :grin:

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Je suis convaincu qu’il ne faut pas avoir de conviction !

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Ca rend quand mĂŞme le jeu un peu plus fun :slight_smile:
Allouer quelques % de son bag en stock picking ou en ETF small caps India me permet, je crois, d’accepter le côté boring de l’investissement :slight_smile:

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Bonsoir, oui, tout à fait d’accord avec toi . J’ai vu une vidéo ou il raconte sa story. De mémoire il avait trois boîtes au début et c’est finary qui a fonctionné, du coup il développe celle là mais ça aurait pu être des aspirateurs ou des cacahuètes, ça aurait été pareil. Après , c’est très bien fait , rien a dire c’est pro, c’est réfléchis , c’est très HEC-IA compatible . Il est BG , il a du charisme et des punchlines, une bonne psychologie des acheteurs, ça fonctionne. Je pense juste que ce sont les actionnaires de sa boîte qui seront gagnant plutôt que ses clients au final.

Je suis sur le forum depuis deux jours, j’ai 48 ans et je suis là pour évaluer des enveloppes potentielles favorables pour placer un capital.
Je me goinfre toutes les vidĂ©os sur le sujet et je lis tout ce que je peux et je constate que mon radar Ă  « richenous Â» ( sketch des inconnus pour les plus jeunes ) s’active quand mĂŞme assez souvent. Beaucoup de gens rĂŞvent devant excel Ă  faire des projections sur leur retraite Ă  35 ans aux Bahamas et en face une nuĂ©e de gourous qui vous explique qu’il vous diront tout sur l’indĂ©pendance financière moyennant du blé…mouais. Au fil du temps j’ai appris Ă  ĂŞtre très mĂ©fiant sur ces phĂ©nomènes de mode qui consiste Ă  surfer sur les rĂŞves et les angoisses des autres . C’est comme les vendeurs d’alarme domestique qui te dise : « imaginez si quelqu’un rentre chez vous et tues vos enfants dans leur sommeil. Â» Signez ici.

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Oui, il y a énormément de déchet dans les contenus sur les finances personnelles. La structure de rémunération des produits financiers est totalement craquée, pas du tout alignée sur les intérêts du client final.

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Oui et non, pas au point de générer un alpha très significatif (et par rapport à quel benchmark), mais il y a certainement une petite marge d’optimisation, sans réellement augmenter le risque.

Pour illustrer mon propos avec un cas concret, j’ai plus confiance dans les democraties libérales donc j’évite pas mal de pays EM car leurs régimes politiques sont des freins durables aux développements de leurs entreprises.
Donc pas d’alpha par rapport au MSCI World, mais ACWI ça se discute

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Oui, tu as la culture et la connaissance qui te permettent de faire le tri. Mais les minots de 19 ans qui arrivent et voientt tout ces dieux 2.0 ont ils le mĂŞme oeil aguerit ?

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Philosophiquement, je suis en ligne avec toi. J’aurais plus confiance en dealant avec des boîtes qui opèrent dans une démocratie libérale. De même, ça me fait mal de filer trop de blé à des pays autocratiques en achetant leurs obligations (c’est pourquoi je prends le Global Aggregate Vanguard et pas le iShares).

Mais du point de vue de l’investissement, est-ce que l’on peut vraiment estimer que ces risques ne sont pas déjà inclus dans les prix ? Le CAPE de la Chine est dans les 10 parce qu’on sait (entre autres) que l’état chinois pourrait décider de faire passer à la casserole d’autres secteurs comme il l’a fait pour la tech. Basse valo implique une plus grosse espérance de rendement, compensée par des risques supplémentaires.

Est-ce surcorrigé ou sous-corrigé ? Je suis incapable de l’évaluer donc je ne décide pas. :person_shrugging:

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Non et je pense que c’est un vrai problème dans ce marché.

Du reste, cette constatation reste valable pour les quadras et quiquas qui achètent les produits pourris colportés par leur banque. Ils se feront moins plumer en % de leurs actifs financiers que par des gourous YouTube (merci la réglementation), mais ils n’ont plus 40 ans de carrière devant eux pour rattraper leurs décisions d’investissement pourries.

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Oui, tu as raisons, j’ai probablement payé deux ou trois traites du yacht du mon banquier, c’est au final un peu la même choses maintenant sur internet au final . C’est sans doute ça l’évolution et le delta des générations :grin:

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« Il faut que jeunesse se fasse Â»
Ça n’a pas que des inconvénients de faire des erreurs, on en a tous fait, autant les faire tôt, il n’y a pas meilleur pédagogue, surtout si l’enjeu c’est quelques centaines d’€, trop pour laisser insensible, pas assez pour être un risque vital.

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" Avoir des convictions, ne garantit pas contre les erreurs " et c’est Lionel Jospin qui l’a dit, c’est pour dire :laughing:

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Peu importe ce qu ont met derrière le mot conviction.
En terme d’investissement
Ce qui importe c est de pouvoir défendre sa thèse d investissement s appuyant sur des données objectives et pouvant être mesurées et comparées. Il doit être possible d évaluer l avantage (edge) et le risque (probabilité ) et décider rationnellement de la mise pour un achat et une vente.
Ref. Ed o Thorp un mathematicien qui a Ă©crit entre autres ce livre gĂ©nial « a man for all markets, from las vegas to wall street, how I beat the dealer and the market Â» et qui a mis le Kelly criteria au centre de sa thĂ©orie d’allocation.
Autre ref qui illustre la conviction. James Simons qui a fondé le légendaire hedge fund "Renaissance " qui résume ainsi une stratégie d’ investissement gagnante:
• identifier de petites anomalies de marché
• s ’ assurer que ces anomalies sont significatives statistiquement (les retours ne sont pas basés sur la chance)
• les achats paient sur un temps limité et spécifique
• Investissement seulement si vous avez un avantage (edge)
• Investir avec conviction, suivre le système de trading systématique, ne pas passer outre meme si votre "sentiment, émotions " vous dicte de le faire (ce qui suppose que vous ayez une bonne compréhension des risques de votre système)
• En conséquence, basé sur ces principes, ne jamais investir sur des hot tips, analystes, programes TV, forums spécialisés. Si vous ne pouvez pas expliquer l’anomalie qui justifie un achat/vente, ne l’actioner pas. De fait, vous devez etre capable d’expliquer tous vos achats/ventes ( depuis la sélection, l’allocation, la fréquence, l’entrée, et la sortie). 90% des vidéos financières youtubesques ne sont jamais accompagnées de données et de mesures…

Bien entendu, plus facile à dire qu’à faire, aucune prétention pour ma part et je suis sur que mon jugement vient souvent biaiser mes décisions de vente et d’achat mais je pense que c’est une bonne discipline d’essayer de ce conformer le plus possible à ces règles pour investir.

La différentiation est entre sentiment et raison. ( Ce qui renvoie également à la théorie Système I et Système II : Les deux vitesses de la pensée*** est la traduction d’un livre, Thinking, Fast and Slow , publié en 2011 Daniel Kahneman, La thèse centrale du livre est la dichotomie entre deux modes de pensée : le système 1 (rapide, instinctif et émotionnel) et le système 2 (plus lent, plus réfléchi et plus logique). Le livre définit les biais cognitifs associés à chacun de ces modes de pensée

Et pour finir, parce que la chance est une composante essentielle et que nous ne savons pas séparer la chance de la compétence. je vous recommande aussi ce livre Thinking in bets : Comment prendre des décisions plus intelligentes lorsque vous ne disposez pas de tous les faits. Le processus de décision analysé par une ancienne joueuse de poker pro. Absolument passionnant. (si vous etes joueur de poker et investisseur ne le manquez surtout pas)
« Thinking in Bets » d’Annie Duke. Un bon résumé ici

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On peut aussi peut-être se dire que par exemple qu’on a pas envie de spéculer sur du cacao parce qu’on sait que le petit artisan du coin va voir le prix du kilo de chocolat augmenter par 3, cas réel puisque je travaille en cuisine. Et plutôt privilégier des secteurs qui nous sont chers, à la marge.

J’ai par exemple un investissement dans une entreprise qui fabrique des produits visant à supprimer le plastique en le dégradant. Du coup c’est une conviction… Certes c’est pas une conviction financière mais ça reste une conviction.

Je ne suis pas certain qu’il ne faille pas avoir de conviction tant que dans notre portefeuille ces convictions représentent à peu près le même montant que nos investissements dits exotiques.

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Il y a une petite confusion depuis le début du post, je pense que le red flag que soulevait particulièrement @Yann90 est vraiment les convictions que tel ou tel secteur ou géographie devrait surperformer dans le futur avec beaucoup d’aplomb et parfois de risque, et encore plus de faire ce conseil à quelqu’un d’autre qui n’a pas encore nécessairement le bagage suffisant.

Beaucoup moins ceux qui investissent en fonction de leurs convictions morales, politiques, environnementales, ou disons qu’ils le font en parfaite conscience de cause et de l’impact potentiel.

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J’avais bien compris, néanmoins conviction inclus aussi les convictions morales, éthiques et personnelles … indissociables de mon point de vue :wink:

Du coup j’ai aussi la conviction que la tech va dominer pendant longtemps (à mon échelle de mec de 50 ans) du coup même si j’ai du world j’ai aussi surpondérer le nasdaq 100🤣

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C’est sûr qu’au bout du compte le résultat sur ton PF est identique.
En revanche, j’ai beaucoup plus de sympathie ou d’empathie disons pour celui qui veut appliquer ses convictions philosophiques à son PF qu’avec celui qui a la prétention d’absolument vouloir générer de l’alpha en appliquant une analyse plutôt superficielle, surtout qu’il y a 99% de chance qu’il soit qu’un bandwagon jumper et que le marché ait déjà pricé cette conviction comme l’évoquait plus haut @vincent.p

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