NASDAQ avec effet levier?

J’ai lu l’intĂ©gralitĂ© des commentaires. Merci d’avoir partagĂ© vos connaissances.

Ma conclusion : Oppenheimer et Einstein en plein débat :slight_smile:

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Hello @vincent.p,

Désolé pour le délai de réponse, il me faut beaucoup de temps pour digérer chacun de tes posts :sweat_smile:

Je comprends ta logique sur l’intĂ©rĂȘt de diversifier sur plusieurs classes d’actifs, mais voulais avoir ton avis sur d’autres possibilitĂ©s que d’aller allouer un % non nĂ©gligeable de ton portfolio sur des classes peu performantes (mĂȘme si j’ai compris que leur perf n’était en soi pas l’intĂ©rĂȘt cherchĂ©) :

  • vs. dire f*** Ă  l’optimisation du Sharpe car nous ne savons pas de quoi l’avenir est fait, et ĂȘtre all-in sur les actions car cela semble au fond ĂȘtre le meilleur moyen de minimiser son failure rate en Ă©tant FIRE ? Cette vidĂ©o de Ben Felix donne Ă  rĂ©flĂ©chir : Why It Might Be Time To Rethink Lifecycle Asset Allocation
  • J’ai lu sur d’autres forums que tu investissais dans le crowdlending via Enerfip, que je ne connaissais pas jusque lĂ . Au vu des perf nettes de risque, vraisemblablement bien supĂ©rieures Ă  un ETF Oblig, pourquoi ne pas y dĂ©dier une part significative d’un portefeuille, quitte Ă  remplacer les oblig par ça ? Cela ressemble Ă  un havre de paix pour un retraitĂ© !
  • D’ailleurs, j’ai lu que tu avançais que les taux de retard/dĂ©faut d’Homunity Ă©taient mauvais. Je n’y ai pas investi, mais n’arrive pas Ă  comprendre comment dans leurs rapports de performance, ils donnent l’impression d’avoir des taux de dĂ©fauts / retard tout Ă  fait honorables ! C’est en allant sur Trustpilot qu’on voit l’envers du dĂ©cor
 Que vois-tu comme KPIs pour savoir que leur perf est mauvaise, et que je ne vois pas ?
  • A terme, je serais Ă©galement tentĂ© par la stratĂ©gie du fondateur d’earlyretirementnow sur les options, qui semble marcher Ă  merveille. Mais du coup, qu’est ce qui fait que toi tu ne t’y es pas essayĂ© ? Y a t-il une raison particuliĂšre ?

Merci Vincent !

Je ne veux pas dire f*** au Sharpe justement parce qu’on ne sait pas de quoi l’avenir est fait sur le long terme ! :grin:

L’idĂ©e fondamentale est que certaines formes de risque sont rĂ©munĂ©rĂ©es par les marchĂ©s, on l’a constatĂ© sur diffĂ©rentes classes d’actifs, dans le temps et la gĂ©ographie. De la mĂȘme maniĂšre qu’une action liquide n’a pas de raisons d’avoir un meilleur ratio rendement/risque qu’une autre, il est raisonnable d’estimer que les diffĂ©rentes classes d’actifs « mainstream Â» ont des espĂ©rances de rendement ajustĂ© du risque similaires. Aucun investisseur sĂ©rieux n’investirait en obligations s’il Ă©tait dĂ©montrable qu’une combo actions + cash serait nĂ©cessairement plus intĂ©ressante que les obligations, Ă  risque Ă©gal.

L’approche « max Sharpe + levier Â» ne cherche pas nĂ©cessairement Ă  rĂ©duire le risque par rapport Ă  un portefeuille 100% actions. Avec un portefeuille Ă  levier Actions + Obligs + Alternatifs, tu peux parfaitement cibler une volatilitĂ© et une espĂ©rance de rendement similaires Ă  celle d’un 100% LQQ. Tu auras d’ailleurs probablement une volatilitĂ© moindre Ă  rendement Ă©gal la plupart des annĂ©es, grĂące aux rééquilibrages entre ces classes d’actifs imparfaitement corrĂ©lĂ©es. Mais surtout, avoir plus de classes d’actifs en portefeuille te rend moins tributaire des seules performances d’une classe d’actifs sur le long terme et moins sensible Ă  certaines formes de risque qu’on ne peut pas reprĂ©senter par la seule volatilitĂ© (les fameux black swans).

En outre, le portefeuille MaxSharpe n’est pas statique. On sait que l’espĂ©rance de rendement des actifs varie dans le temps. On dispose d’outils, certes trĂšs imprĂ©cis, qui nous permettent d’évaluer vaguement si la prochaine dĂ©cennie ou deux a plus de chances d’envoyer du lourd ou d’ĂȘtre bof, tant pour les actions que pour les obligations. Il est donc raisonnable de penser que le portefeuille prĂ©sentant le meilleur rapport rendement/risque Ă  un horizon donnĂ© va Ă©voluer.

L’étude mentionnĂ©e par Ben Felix est assez contestĂ©e (la position obligataire est domestique), mais surtout elle ne regarde pas des allocations MaxSharpe, juste diffĂ©rents Buy & Hold
 Ni des allocations leveragĂ©es de risque similaire Ă  ces B&H.

Dans l’absolu, je suis convaincu qu’un risque proche de celui d’un full actions est souhaitable sur le long terme (en prenant en compte le financement des projets Ă  court et moyen terme et Ă©ventuellement un glidepath en V pour rĂ©duire le risque de sĂ©quence Ă  l’approche de la retraite). Je suis aussi convaincu qu’on peut atteindre ce niveau de risque d’une façon bien plus maligne qu’avec un portefeuille 100% actions !

Obligations dans les renouvelables
Attention Ă  ne pas trop parier sur une classe d’actifs aussi risquĂ©e que les obligations high yield Ă©mises par des nanocaps sur un marchĂ© globalement illiquide.

Le marchĂ© des Ă©nergies renouvelables est un coupe-gorge et (des dires de copains dans le domaine) l’équilibrage financier de ces projets est complexe (principalement dans le solaire). Ca ne va peut-ĂȘtre pas aller en s’arrangeant (phĂ©nomĂšne de cannibalisation des revenus du solaire).

J’investis sur cette classes d’actifs parce que :

  • je souhaite contribuer Ă  l’accĂ©lĂ©ration de la transition Ă©nergĂ©tique, qui est indispensable d’un point de vue collectif.
  • Enerfip (ou des Ă©quivalents tels que Lendopolis) est probablement l’une des options avec le meilleur rendement/risque pour le faire et qui soit disponible pour les particuliers.

MAIS ça reste trĂšs risquĂ© et le Sharpe est probablement mĂ©diocre. J’ai un montant important dans ce type de projet parce que je peux me permettre des pertes catastrophiques sur cette allocation. Je le considĂšre plus comme un investissement Ă  fonds perdus, comme ça je ne peux avoir que de bonnes surprises !

Bref, on est loin d’un havre de paix pour retraitĂ©s. C’est plutĂŽt un investissement pour les punks Ă  chiens !

Homunity, ça m’a l’air encore plus dangereux, sans le cĂŽtĂ© « feel good Â» de la transition Ă©nergĂ©tique. Mais je n’ai pas fait d’analyse formelle sur cette thĂ©matique d’investissement, qui ne m’intĂ©resse guĂšre.

Put Writing
Je me suis posé la question. Cette stratégie a un profil de rendement/risque trÚs différent des approches usuelles.

Toutefois, si tu veux faire ça proprement, il faut trader plusieurs fois par semaine de maniĂšre Ă  diversifier son risque sur un maximum d’échĂ©ances d’options (= faire l’assureur). Il faut aussi ĂȘtre Ă  l’aise avec les grecques d’options et on manipule des sommes assez absurdes. Ce n’est pas le genre de chose qui s’improvise.

Un jour peut-ĂȘtre, si je peux l’automatiser ou si un ETF se met Ă  le faire !

Sur Enerfip, je vois ce que tu veux dire, c’est en effet trĂšs peu diversifié  Pour autant, pourquoi le Sharpe serait-il a priori mĂ©diocre, s’il n’y a eu quasi aucun dĂ©faut depuis des annĂ©es d’existence ?

Aussi, en poursuivant mes petits backtests, je me rends compte que je n’avais pas incorporĂ© la non-dĂ©ductibilitĂ© des intĂ©rĂȘts d’emprunts d’un compte sur marge jusque-lĂ . L’impact semble alors bien plus important que je ne l’imaginais ! LĂ  oĂč un LETF voit ses intĂ©rĂȘts d’emprunts dĂ©duits de facto.

Ma comprĂ©hension est donc qu’à volatilitĂ© Ă©gale, il faudrait trouver une allocation multi-actifs prĂ©sentant un gain de performance assez Ă©norme du cĂŽtĂ© du compte sur marge pour rentabiliser 1) l’imposition plus importante du CTO, mais surtout 2) la non-dĂ©ductibilitĂ© des intĂ©rĂȘts d’emprunts. Est-ce que tu arrives aux mĂȘmes conclusions ?

(Je sais que l’option box spreads rùgle ce problùme, mais je l’exclus ici)

Le problĂšme du high yield, c’est que les ennuis volent en escadrille. Les junk bonds marchent trĂšs bien en temps normal, mais lors de crises ça peut ĂȘtre affreux. MĂȘme sur du High Yield cĂŽtĂ© :

Si tu peux prendre -30% sur des grosses boĂźtes qui ne vont globalement pas faire faillite et vont payer au moins une partie de leur dette (le taux de dĂ©faut du High Yield Ă  long terme est de l’ordre de 2%), je te laisse imaginer ce que ça peut donner quant tu prĂȘtes Ă  une PME de 50 pĂ©los qui dĂ©veloppent des fermes solaires.

J’aime beaucoup Enerfip, mais il faut reconnaĂźtre que c’est risquĂ©. Tu ne fais ça que sur un % rĂ©duit de ton patrimoine !

Tu oublies un facteur important dans ton analyse, mais difficile Ă  mesurer. Qu’est-ce qui se passe si les cours des actions US nous fait la mĂȘme que le Japon en 1990 ? Personnellement, je prĂ©fĂšre Ă©viter les paris concentrĂ©s qui pourraient me mettre dans le rouge vif pendant 40 ans, mĂȘme si leur probabilitĂ© est faible.

Faire un full USA n’est dĂ©jĂ  probablement pas la meilleure idĂ©e du siĂšcle ex-ante, faire un full USA x 2 est un risque de concentration qui me semble dĂ©raisonnable dĂšs que ton bif reprĂ©sente plusieurs annĂ©es d’épargne.

Un portefeuille combinant CL2 (MSCI USA x 2) en PEA, des actions hors US en PEA et idĂ©alement de l’obligataire (voire d’autres diversifiants) hors PEA, ça me semble ĂȘtre une approche assez raisonnable pour ajouter un peu de levier Ă  son portefeuille et cibler un rendement dans la gamme « full actions Â», mais avec un meilleur Sharpe.

Mais si tu veux diversifier encore plus ton exposition ou faire du levier Ă  taux important (voire les deux !), je pense qu’il faut se mettre Ă  utiliser des outils adĂ©quats. La dĂ©ductibilitĂ© des intĂ©rĂȘts d’emprunt a un effet trĂšs important ! :slightly_smiling_face:

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Hello Vincent,

Comme de bon vins, je reviens réguliÚrement ici pour relire tes brillants posts et mûrir ma réflexion :wink:

J’ai notamment un point de challenge Ă  faire sur l’intĂ©rĂȘt des ETF Ă  effet de levier ; je pense que si l’on exclut l’argument du manque de diversification (car seuls 3/4 indices dispos), ceux-ci sont d’un point de vue « frais Â» bien plus intĂ©ressants qu’il n’y paraĂźt. Pour deux raisons :

  • Les intĂ©rĂȘts sont indirectement dĂ©ductibles fiscalement : avantage considĂ©rable si on le compare Ă  tout investissement sur marge (hors box spreads),
  • Les frais de gestion « apparents Â» (ex: 0.5%/an pour MSCI USA x2) de l’ETF doivent ĂȘtre divisĂ©s en deux pour une comparaison juste par rapport Ă  toute autre option de levier, puisqu’ils sont chargĂ©s en % de la somme investie, pas de l’exposition totale, qui elle est deux fois plus Ă©levĂ©e. Par exemple, si l’on compare deux scĂ©narios : investir 100€ dans un ETF MSCI USA x2 Ă  0.5%/an, vs. investir 100€ + emprunter sur marge 100€ pour investir 200€ dans un ETF MSCI USA Ă  0.25%/an, les frais de gestion sont en rĂ©alitĂ© identiques dans les deux scĂ©narios.

Si l’on prend en compte ces deux Ă©lĂ©ments, mĂȘme en supposant qu’investir sur marge donne accĂšs Ă  des ETFs Ă  0.1%/an au lieu de 0.25%/an, l’écart entre ETF leveragĂ© et marge sur CTO reste abyssal.

Si l’on prend les hypothùses suivantes :

  • Indice MSCI USA avec une performance de 8%
  • L’ETF MSCI USA aurait des frais de gestion de 0.1%/an
  • L’ETF MSCI USA x2 aurait des frais de gestion de 0.5%/an
  • Fed Funds rate : 4.33%
  • IntĂ©rĂȘts d’Interactive Brokers : 1.5% au dessus de ce benchmark, soit 5.83%
  • IntĂ©rĂȘts chargĂ©s par l’ETF leveragĂ© : 0.5% au dessus de ce benchmark, soit 4.83%
  • Option 1 : 200€ investis dont 100€ empruntĂ©s sur IB
  • Option 2 : 100€ investis sur l’ETF MSCI USA x2
  • Le tout imposĂ© Ă  30% Ă  la sortie dans les deux cas (l’écart devient encore largement supĂ©rieur si l’on met l’option 2 dans un PEA avec 17.2%)

Alors, cÎté marge avec IB :

  • Frais de 6.03€ (0.2€ de gestion + 5.83€ de marge)
  • Imposition de (16-0.2€)*0.3 = 4.74€, soit Ă  la fin 5.2€ dans la poche.

CÎté ETF à levier :

  • Frais de 5.33€ (0.5€ de gestion +4.83€ de marge)
  • Imposition de (16-0.5€-4.83€)*0.3= 3.20€, soit Ă  la fin 7.5€ dans la poche (ce serait 8.8€ en PEA, et 8.4€ dans une assurance vie Ă  0.5% de frais d’UC)

C’est loin d’ĂȘtre nĂ©gligeable : on parle d’un Ă©cart de performance net annuel de 2.3%, jusque 3.6% si le LETF est en PEA.

MĂȘme en arrivant Ă  des taux seulement 1% au dessus du benchmark dans le scĂ©nario CTO IB, les LETFs restent nettement gagnants.

Plus intĂ©ressant encore : si on suppose avoir dĂ©jĂ  rempli son PEA, et vouloir faire un match 1) box spreads en CTO (levier x2, en supposant des taux d’intĂ©rĂȘts 0.2% au dessus du benchmark, soit Ă  4.53%) pour investir sur MSCI USA (0.1% de frais de gestion), vs. 2) LETF MSCI USA en AV (0.5% de frais de gestion, 0.5% de frais d’UC)
 MalgrĂ© la dĂ©ductibilitĂ© d’emprunts des box spread, l’AV l’emporte encore : 7.9€ de gains nets avec 1) vs., 8.4€ avec l’AV.

Je sais bien que ce n’est pas la seule considĂ©ration, et que d’autres critĂšres (possibilitĂ© de se diversifier, volontĂ© ou non d’avoir un % de marge fixe
) sont tout aussi primordiaux.

Il n’empĂȘche, la possibilitĂ© d’obtenir Ă  la fois des taux attractifs, de dĂ©duire ses intĂ©rĂȘts, et en prime obtenir une imposition Ă  17.2%, en font une solution Ă  ne pas nĂ©gliger pour ceux voulant s’exposer aux marchĂ©s US ou EuropĂ©ens avec du levier.

(Ravi d’avoir tes lumiùres si j’ai omis quelque chose dans cette simulation ! Et encore merci pour tes excellentes contributions sur ce forum).

Bonjour Vincent,
Merci pour toutes ces explications, qui comme souvent ouvrent de nombreuses portes Ă  explorer.
Aurais-tu des lectures (livres ou articles de recherche) permettant de creuser et s’approprier mieux ces notions de volatility drag et beta slippage ?

Par ailleurs es tu certain de l’équivalence volatility drag = beta slippage ?
ça fait longtemps que je n’ai pas regardĂ© mais il me semblait que le beta slippage d’un ETF leveragĂ© venant aussi de ses mĂ©caniques de rebalance et des entrĂ©es / sorties de fonds venant d’autres investisseurs

Bonjour @JBL,

Volatility drag et beta slippage ont la mĂȘme cause mathematique mais ne sont tout de mĂȘme pas la meme chose.

le beta slippage est specifique aux ETF leveragĂ© par rapport a leur indice de rĂ©fĂ©rence. Un ETF sans effet de levier n’a pas de beta slippage par rapport a l’indice qu’il essaye de suivre, dĂšs lors que l’on met du levier, le beta slippage apparait.

La raison est simple : un ETF x2 reproduit chaque jour la performance de l’indice multipliĂ©e par 2. Si l’indice fait -25% puis +33% (je grossit le trais volontairement), il se retrouve a son point de depart. l’ETF va faire la meme chose mais le leveragĂ© x2 va faire -50% puis +66%, il va donc arriver a 83% de sa valeur initale. la difference est le beta slippage.

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