Plongée dans l'univers du non-côté - retour d'expérience 10 ans d'investissement

Plongeon dans l’univers des investissements non cotés. Entre opportunités, risques et réflexions, voici mon parcours. Et vous, quelles sont vos expériences ?

Il n’y a pas de secret : le fait générateur de la fortune de la majorité des personnes ou des familles provient des plus-values de cessions de parts de sociétés. Le monde du non-côté est fermé et ne s’ouvre, généralement, qu’aux familles, amis ou personnes clés présentes dans l’environnement des sociétés. Sans entrer dans les détails, j’ai eu l’opportunité d’investir à plusieurs reprises dans différentes sociétés. Il s’agissait de sociétés dont je connaissais personnellement les gérants et les autres actionnaires, et pour lesquelles j’avais une bonne compréhension de leurs activités et de leurs marchés. Je crois fermement que la confiance et la transparence sont essentielles pour ce type d’investissement. J’avais accès à toutes les données financières, et les clauses contractuelles/actionnariales étaient limpides. J’ai pu aussi poser toutes les questions que j’avais en tête et obtenir des réponses tout aussi claires. Pour pouvoir investir (tickets moyens de 30K euros), je liquidais régulièrement mes portefeuilles actions/ETF, y compris mon PEE.

S’agissant de sociétés européennes, j’ai pu investir via mon PEA environ 100K euros entre 2011 et 2019, ce qui représente, à la valorisation actuelle, environ 1,2M d’euros. Le non-côté est un milieu généralement fermé, et les opportunités d’investissements sont rares. Ces opportunités comportent de nombreux risques, l’illiquidité et le risque de faillite étant les plus prépondérants. Obtenir du financement bancaire n’est pas toujours aisé. Ce n’est pas du jeu de hasard, mais le succès de ce type d’opération y ressemble et repose principalement sur quelques personnes clés, le business model de l’entreprise et… la chance. Certains diront que je reviens souvent sur la notion de chance, mais il est évident, surtout dans mon entourage, que malgré l’investissement personnel, le sérieux et une « intelligence » équivalente, parfois ça réussit, parfois ça échoue. Il y a de nombreux exemples de sociétés ayant fait faillite malgré toute la rigueur de leur démarche.

De nombreux clubs d’investisseurs ou plateformes fleurissent ici et là. Sans connaître personnellement les entrepreneurs, sans pouvoir échanger ou réaliser ses propres due-diligences, ce type d’investissement est, à mon sens, bien trop risqué, surtout si vous avez des moyens « modestes ». Si vous aspirez à être un business angel en herbe, gardez à l’esprit que la plupart des investisseurs expérimentés vous diront qu’au final, ils peinent à récupérer leur mise, surtout si les investissements sont dans des start-ups.

Si vous avez un profil éco/fi, souvenez-vous de Frank Knight et de son « Risque, incertitude et profit ». Cette classe d’actifs promet potentiellement les plus gros rendements, mais au risque de perdre l’intégralité de son capital. C’est la classe de l’entreprenariat et, toutes choses étant égales par ailleurs, c’est un peu comme dans les paris sportifs : il faut choisir le bon cheval ! Si vous pariez, misez l’argent que vous êtes prêt à perdre. La Française des Jeux vous rappellera que « 100% des gagnants ont tenté leur chance ». À bon entendeur.

J’ai aussi investi un peu plus de 100K euros dans un fonds private equity, en direct, sans intermédiaire. Je crois m’être laissé emporter, car je pense que cette classe d’actifs convient davantage à des profils ayant déjà un capital significatif et cherchant à diversifier leurs placements (par exemple, être moins exposé aux fluctuations des marchés boursiers), ce qui n’est pas mon cas. Pour situer, je dispose d’environ 250K euros « liquides », 1,3M en non-côté (directement ou via PE) et environ 1M en immobilier (brut), ainsi que 25K euros en cryptos.

Conclusion :

Avec le recul, je réalise que liquider mes avoirs sur les marchés actions pour tout miser sur le non-côté était inconscient. On est souvent euphorique à l’idée de gains potentiels, surtout quand la valorisation de ses premiers investissements s’envole. J’ai la chance de ne pas avoir perdu sur aucun de mes investissements, mais pour l’instant, il m’est difficile, voire impossible, de vendre mes parts. Il me faudra attendre les prochains tours de table.

Bien qu’il puisse être attractif d’investir dans cette classe d’actifs, elle est surtout adaptée à un public averti. Ce n’est pas un simple avertissement : pouvoir gagner beaucoup signifie aussi risquer de perdre beaucoup. Bien que cela m’ait été bénéfique, je déconseillerais aux moins expérimentés d’investir dedans, y compris via des fonds fiscaux comme les FCPI. Il n’est pas rare que des gestionnaires de fonds de PE se retrouvent avec une ou plusieurs lignes au tapis, malgré leur expertise et leur capacité à réaliser des due-diligences professionnelles. Si malgré tout cela vous êtes tenté, assurez-vous d’investir dans des projets que vous comprenez, dont les fondateurs sont engagés et transparents, et avec des conditions contractuelles que vous saisissez. Et n’oubliez pas : le non-côté est peu ou pas du tout liquide. En somme, bonne chance.

Aujourd’hui, sauf pour des projets exceptionnels en lesquels je crois (par exemple, Finary que j’ai raté de peu ;)), j’aimerais accompagner des entrepreneurs avec des projets simples et concrets, tels que des commerces de bouche, de l’artisanat ou des services à la personne. Certes, les marges sont plus faibles, mais le niveau de risque l’est aussi. Il y a aussi la satisfaction de voir concrètement un business se développer et, qui sait, une éventuelle plus-value à la cession ? :wink:

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Témoignage très intéressant, qui rappelle les fondamentaux :

  • la diversification de ses investissements est essentielle (PEA + immo + PE pour vous)
  • mieux vaut ne pas se laisser griser et penser que les arbres montent jusqu’au ciel.

Ce point que vous soulevez sur la liquidité est important. Détenir un portefeuille à plus-value virtuelle, sans possibilité de la concrétiser, c’est comme acheter une parcelle de terrain dans un métavers :wink:

Diversification + liquidité + prise de risque mesurée : c’est les ingrédients de la recette dont on parle ici => Création club investissement

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Merci pour votre long retour.

Sans entrer dans les détails, j’ai eu l’opportunité d’investir à plusieurs reprises dans différentes sociétés. Il s’agissait de sociétés dont je connaissais personnellement les gérants et les autres actionnaires, et pour lesquelles j’avais une bonne compréhension de leurs activités et de leurs marchés.

Pouvez-vous détailler un peu plus ? Ca intéresserait beaucoup de monde de savoir comment vous avez fait pour dégager 32% par an.

En tant qu’actionnaire (très) minoritaire, vous n’avez pas vraiment de rôle particulier à jouer. Pas de participation à l’orientation stratégique de la société, pas d’arbitrage à réaliser. Quelques AG auxquelles vous êtes généralement invité à céder vos droits de vote à un proxy, quelques formulaires à remplir pour votre banque (e.g. détention des parts, valorisation) et l’administration fiscale (justificatifs concernant les dividendes). Et voilà.

Ces investissements sont, in fine, très passifs. La partie la moins évidente concerne la recherche d’opportunités, la capacité à comprendre l’opportunité, prendre une décision rapidement puis l’appréhension au moment de signer ses engagements et de virer les fonds. Même s’il s’agit d’un actif concret, tel que des parts d’une société, cela demeure moins tangible qu’un bien immobilier. Dans mon cas, pas de passage devant notaire, juste une signature de contrats et un versement sur l’IBAN d’une société intermédiaire. Une fois les virements effectués, seuls vos contrats vous restent en main. Il est également à noter qu’une société non cotée est soumise à moins d’obligations en termes de communication et de transparence qu’une société cotée. Bien qu’elle soit auditée et valorisée par des tiers « indépendants », les exigences et responsabilités qui pèsent sur ces tiers sont moindres que dans l’univers coté. Pour obtenir une valorisation de marché, il faut généralement attendre l’entrée d’un investisseur significatif qui a réalisé ses propres due-diligences sur la société.

Le secteur non coté est vraiment un monde à part. Il y a peu d’offres « publiques ». En direct, pas de track record. Via un gestionnaire (PE), l’apport initial est souvent élevé, mais il existe un mécanisme d’appels de fonds progressifs et des distributions régulières. En passant par un club deal, soyez attentifs aux frais, à la structuration du deal ainsi qu’aux clauses contractuelles. La notion de track record est à considérer avec prudence : il ne s’agit pas de fonds gérés par des professionnels et surveillés par un régulateur, mais plutôt d’accès à des deals individuels, chacun avec ses spécificités.

À moins d’être proche de l’entrepreneur, d’être l’entrepreneur soi-même ou de posséder un portefeuille d’actifs conséquents et diversifiés (actions cotées, obligations, immobilier), je ne suis pas certain que s’y risquer soit judicieux.

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Merci pour votre témoignage très instructif, je vous rejoins sur plusieurs points. Concernant vos investissements en FPCI, chez qui avez-vous investis et quels ont été vos retours ?

Bonjour @CitizenK,
Pouvons-nous échanger en MP :).
Bien à vous.