Vers une guerre économique multifacettes
Wall Street salue la victoire de Donald Trump. Les investisseurs attendent un plan de relance économique massif aux Etats-Unis en 2025. Découvrez les secteurs et les actions qui vont profiter des cing grandes mesures de la nouvelle administration et ceux qui vont en pâtir.
Mercredi 6 novembre, il a fallu à peine une heure aux investisseurs pour intégrer le nouveau rapport de force que les Etats-Unis vont établir avec le reste du monde. C’est ce que nous révèle l’évolution des cours des actions au lendemain de la victoire de Donald Trump et les jours suivants. Les Américains ont voté en connaissance de cause pour le Make America Great Again. Ils ont réélu un homme d’affaires dont l’action repose sur des rapports de force au service des intérêts nationaux américains sans grande considération pour ses alliés. Les attentes sont fortes, et le 47e président des Etats-Unis disposera des pleins pouvoirs avec un Sénat républicain et, probablement aussi, une majorité à la Chambre des représentants.
1. Diminution de la fiscalité
La perspective de voir Donald Trump mettre en place un plan de relance budgétaire et fiscal massif a fait bondir de 2,5 % le S&P 500 le 6 novembre, alors que le Cac 40 a reculé de 0,5 %. S’il ramène, comme annoncé, le taux d’imposition des sociétés de 21 % à 15 %, cela provoquera mécaniquement une amélioration de 8 % du bénéfice net des entreprises qui réalisent la totalité de leur activité aux Etats-Unis. Ce scénario renforce considérablement l’attrait des investisseurs pour Wall Street, au détriment des autres places financières. Les groupes outre-Atlantique, en étant mieux valorisés, pourront aussi financer plus facilement des acquisitions hors de leurs frontières.
2. Assouplissement réglementaire
Donald Trump a pris comme engagement d’assouplir les règles prudentielles et de concurrence dans le domaine de la finance, si bien que cet avantage compétitif s’est matérialisé aussitôt en Bourse par une hausse de l’ordre de 10 % des établissements financiers américains alors que les acteurs européens basculaient dans le rouge, à l’image de BNP Paribas, qui chutait de 2,7 % mercredi et encore de 2,4 % jeudi.
3. Durcissement tarifaire
Les droits de douane devraient passer de 8 % à 10 % sur les produits importés aux Etats-Unis, si bien que les investisseurs ont procédé à des arbitrages, là aussi, en faveur des acteurs produisant sur le sol américain. Les constructeurs automobiles allemands apparaissent comme les grands perdants de cette mesure, d’autant que le nouveau président est conseillé par Elon Musk, qui défend les intérêts de Tesla. Ce dernier a bondi de 20 % cette semaine, alors que BMW chutait de 5 %, Mercedes-Benz de 4 % et Volkswagen de 2 %.
4. Ajustement militaire
Le magnat n’a cessé de marteler durant la campagne qu’il était capable d’imposer une paix en Ukraine en vingt-quatre heures. Le risque de désengagement des Etats-Unis de l’Otan, voire l’arrêt d’un soutien militaire de Kiev, est pris au sérieux. Il est toutefois difficile de prévoir la décision finale qui sera prise. En revanche, il apparaît dans tous les scénarios envisagés que les Etats-Unis demanderont à l’Europe de prendre davantage en charge sa défense. Cette semaine, l’Allemand Rheinmetall a bondi de 13 %, le Britannique BAE Systems a pris 9 % et le Français Thales a gagné 7 %.
5. Plus d’énergie à bas prix
Pour redonner du pouvoir d’achat aux Américains, Donald Trump compte faire baisser drastiquement les coûts de l’énergie, non pas en encourageant le développement du renouvelable, car il est climatosceptique, mais en favorisant massivement l’exploration et la production de pétrole. Le secteur parapétrolier est donc promis à un bel avenir sous son mandat. C’est pourquoi en quelques séances, SLB, l’ex- Schlumberger, a déjà gagné 9 %, et Technip Energies, 2 %.
François Monnier (directeur de rédaction de Investir, journal des finances , chroniqueur BFM Business)