Bien sûr !
Le choix d’investir ou non sur des entreprises qui fabriquent et vendent du hardware n’est qu’une stratégie. J’ai investi dans deux entreprises qui fabriquent des produits physiques.
La première est encore en phase de R&D après 6 années sur le produit médical qu’elle cherche à fabriquer. L’industrialisation n’arrivera que dans 2 ans au mieux lorsque les certifications médicales et les normes européennes seront obtenues (ça prend non seulement beaucoup de temps et ça coûte très cher). Donc 6 ans après mon investissement, la société ne gagne toujours pas d’argent et consomme beaucoup de cash pour financer sa R&D. Il y a des levées de fonds dilutives chaque année pour supporter tous les coûts de cette R&D du produit physique qui verra, je l’espère, le jour d’ici deux ans.
La seconde fabrique des paires de chaussures / chaussons tendance. C’est une petite structure familiale de moins de 10 salariés. La boîte est saine et rentable car elle parvient à vendre majoritairement en ligne sur son site Internet, ce qui lui permet de garantir sa marge. Mais elle vend aussi via des distributeurs comme le Printemps et les Galeries Lafayette qui forcément prennent une part non négligeable du prix de vente. La période du Covid a été un peu compliquée car la chaîne de production s’est enrayée avec les confinements à répétition. Les matières premières viennent d’Italie et d’Espagne tandis que l’assemblage des chaussures est réalisé dans une seule usine au Portugal. La crise Covid a bouleversé cette chaîne de fabrication, ce qui a généré une baisse des commandes pendant un temps et des retards de livraison pour les clients finaux.
L’autre problématique avec les produits de mode, c’est la saisonnalité. On ne vend pas des chaussures et des chaussons de même type à toutes les périodes de l’année. Cela implique d’avoir une variation de l’offre toutes les saisons et donc de produire la saison d’avant pour la saison qui arrive. Si cette chaîne de production n’est pas bien huilée, ça casse tout le calendrier et impacte les ventes au final. Vendre des chaussons d’hiver qui arriveront seulement au mois de mai c’est un peu gênant pour le client final.
Suite à ces deux investissements, j’ai appris qu’investir dans le produit physique n’est pas nécessairement une bonne idée. Investir dans une startup c’est prendre un certain risque, un vrai pari. Je ne le savais pas vraiment à l’époque puisque j’investissais plus à l’instinct et au coup de cœur sur le projet. Mais cela m’a permis de comprendre que les produits physiques c’est toute une logistique à mettre en place, des coûts importants et des marges plus faibles pour l’entreprise. Ca la rend vulnérable, surtout lorsqu’elle est encore très jeune. Par conséquent, l’investissement risqué à la base devient encore plus risqué à cause de cela.
Pour diminuer la prise de risque, j’ai changé ma thèse d’investissement en me dirigeant uniquement vers des sociétés de logiciel (SaaS, logiciels d’entreprise, applications mobiles, jeux vidéos, etc.) dans des secteurs en forte croissance (IA, médecine, divertissement, finances & assurances, etc.). D’ailleurs, étant moi même informaticien, c’est aussi un domaine que je comprends mieux et sur lequel je parviens à poser des questions plus pertinentes aux entrepreneurs pour connaître leur business model et leur technologie.