Les ETF obligataires larges sont construits peu ou prou comme les ETF actions : tu pondĂšres par le montant total des obligations Ă©mises par chaque acteur (aprĂšs avoir passĂ© quelques filtres, le plus important Ă©tant le filtre Investment Grade - les notes des Ă©metteurs, genre AAA & co.). Comme les Ă©metteurs proposent des obligations de diffĂ©rentes maturitĂ©s (par exemple remboursement dans 3 mois, 1 an, 2 ans, 5 ans, 10 ans, 20 ansâŠ) tu vas retrouver ce panachage.
Donc oui, un ETF va prendre de nouvelles obligations lorsque les précédents arrivent à échéance (et aussi à chaque versement de coupon), avec le taux de marché au moment du renouvellement.
Les performances rĂ©alisĂ©es dâun actif sont la somme de ses distributions (= les coupons) et de ses variations de prix. Entre 2019 et 2024, il y a eu 2022 oĂč la valeur des obligations sâest pris la plus grosse banane de lâhistoire (remontĂ©e rapide des taux). Donc normal que ces fonds fassent la gueule. Au fur et Ă mesure que le temps va passer, les prix des obligations qui sâĂ©taient fait dĂ©molir vont converger vers leur valeur nominale (en gros le capital remboursĂ©).
Pourquoi ? Imagine que tu dĂ©tiens une obligation Ă 1 an de 100⏠en nominal Ă 1% de taux dâintĂ©rĂȘt. Demain, je me mets Ă proposer des obligations de 100⏠à 10% de taux dâintĂ©rĂȘt. Tu crois quâil existe un abruti qui va payer 100 pour ton oblig (qui va lui ramener 101 ⏠dans un an), alors quâil peut avoir 110⏠en un an en achetant la mienne (soit 10⏠de PV) ?
Bien sĂ»r que non. Donc si tu veux Ă©couler ton obligation, il va falloir que tu baisses son prix Ă ~91,82 ⏠(lâacheteur rĂ©cupĂšrera 101 ⏠moins les 91,82 quâil a payĂ©s, soit 9,18 âŹ. Exactement comme sâil avait achetĂ© pour 91,82 ⏠dâune oblig Ă 10%.
Câest le plus du Ă Ă©liminer, on lâa tous Ă des degrĂ©s divers.
Lorsque tu investis sur du long terme, il nây a pas de notion de contexte « dĂ©favorable ». Câest exactement comme le market timing. Les fondements thĂ©oriques (= comprendre scientifiques) qui font que ça ne marche pas sont fichtrement solides. Câest contre-intuitif car on voit les prix bouger dans tous les sens, mais dans la pratique les marchĂ©s sont rudement efficients.
Les investisseurs essaient dâanticiper les Ă©vĂ©nements futurs en faisant tourner des modĂšles plus ou moins sophistiquĂ©s et en collectant de lâinformation qui ne sâest pas encore beaucoup diffusĂ©e pour savoir Ă quel prix ils sont prĂȘts Ă acheter (= quel rendement ils espĂšrent du marchĂ©). Ces prĂ©visions dâĂ©volution des taux dâintĂ©rĂȘt sont donc intĂ©grĂ©es rapidement au prix de marchĂ© : ceux qui ont des Ă©lĂ©ments pour penser que ça va monter vont acheter, faisant ainsi monter les prix. Ils continuent tant que les coĂ»ts de transaction et de financement font que le prix est proche de leur estimation⊠Beaucoup de monde joue Ă ce jeu de collecte dâinformation et câest certain que câest ni toi ni moi qui auront la meilleure estimation.
On ne le rĂ©pĂštera jamais assez, mais les rendements futurs dĂ©pendront dâĂ©vĂ©nements que lâon ne peut pas estimer de maniĂšre fiable maintenant. Lâestimation la plus fiable dont on dispose actuellement de ce qui va se passer sauf imprĂ©vu est celle qui est traduite dans les prix des actifs (au moins pour ceux qui sont liquides). Les rendements passĂ©s nous renseignent sur lâespĂ©rance de rendement, aucunement sur le rendement qui sera effectivement rĂ©alisĂ©.
Les 20 prochaines annĂ©es seront peut-ĂȘtre similaires à ça :
En jaune : 100% MSCI World. En bleu : 100% obligations dâĂ©tat. En jaune : un mix 50/50.
Bref, à aucun moment on ne peut savoir si la situation de réinvestissement est favorable ou pas.