Bonjour à tous,
J’aimerais ouvrir le débat sur un sujet qui me semble être un mirage assez répandu, non seulement sur ce forum mais aussi ailleurs : la quête de l’indépendance/liberté financière.
Ces dernières années, nous avons vu émerger sur internet, y compris dans des sources réputées telles que ADI ou Finary, un discours sur l’indépendance financière. Il se résume généralement à la possibilité, pour tout un chacun, d’épargner et de gérer ses investissements avec suffisamment d’efficacité pour atteindre précocement une liberté financière, que je définis comme la capacité de ne plus avoir à travailler à temps plein.
Cependant, cette quête me semble être un mirage pour plusieurs raisons :
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Être épargnant ne signifie pas automatiquement être rentier. A mons sens, il y a une forme de confusion entre gérer correctement son épargne et disposer d’un patrimoine suffisant pour être financièrement libre. Bien que des acteurs tels que ADI, Finary, Épargnant 3.0 et certains influenceurs sur Twitter dispensent de bons conseils, ceux-ci semblent souvent irréalistes pour la majorité d’entre nous. La réalité est que la plupart d’entre nous devront continuer à travailler pour subvenir à nos besoins, tandis que seuls quelques-uns pourront envisager de vivre de leurs rentes.
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Les horizons d’investissement indiqués dans les simulations sont à très long terme, sur 30 ou 40 ans ! À 35 ans, est-il réaliste de sélectionner un ETF en vue de sa future retraite ? Le seule interet que je vois à ce type d’horizon et l’impression artificiel de rendement qu’ils procurent : 30 000 € sur 40 ans avec 100 €/mois d’épargne permet d’espérer un total de près de 700 000 euros. C’est plus sexy que sur 10 ans (75 000 €). Personnellement, j’ai une limite à 20 ans d’horizon, ce qui me semble déjà le bout du monde pour un épargnant individuel.
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Le discours alarmiste sur la retraite, affirmant que notre système est en faillite imminente, est souvent utilisé pour justifier cette quête de liberté financière. Pourtant, je peine à trouver des preuves tangibles de cette crise dans des sources académiques ou officielles. Bien que le sujet puisse être débattu en raison de facteurs tels que la démographie et l’espérance de vie, je m’interroge sur sa pertinence et sur le fait de pousser la jeunesse à chercher rapidement une indépendance financière pour pallier à cette « faillite certaine ».
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Le mouvement FIRE (Financial Independence, Retire Early). Plus je me renseigne sur ce mouvement, plus j’aperçois une communauté de passionnés de l’investissement qui remettent en question le mode de vie traditionnel métro-boulot-dodo. Cependant, je le vois plus comme l’équivalent capitaliste des ZADistes, une expérimentation intéressante mais peu réalisable pour la plupart d’entre nous. Les blogs comme Fire France, Early Retirement Now, Mr Money Moustache ou Lacking Ambition semblent plus être des récits de vie plutôt que des méthodes réalistes pour la majorité.
Finalement, les FIRE ne sont-ils pas à l’épargne ce que les MUL sont aux randonneurs ?
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Un discours de rentier ? Les modèles présentés sont souvent des personnes possédant un patrimoine important, mais la réalité d’un investisseur avec 1 ou 2 millions d’euros de patrimoine est très différente de celle d’un jeune actif sans patrimoine, ce qui crée un biais important à prendre en compte.
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Enfin, l’investissement locatif, souvent recommandé pour atteindre “la Liberté”, est une activité qui demande une expertise considérable et du temps, comme le souligne Mounir dans ce thread Twitter ou le prouve l’écoute de nombreux podcasts (La Martingale). Encore une fois, rien d’impossible mais la réalité est si loin du discours ambiant… C’est un second job en gros.
En conclusion :
Nous assistons à une démocratisation des outils de gestion de l’épargne, à la fois sur le plan pédagogique (ADI, ce forum, etc.) et technique (ETF, courtiers en ligne, comparateurs de frais, finary, etc.). Apprendre à gérer ses finances, à épargner de manière efficace et à choisir les bons outils sont des leçons précieuses que je retiens de mon voyage sur ces pages.
Cependant, le discours entourant la liberté financière qui accompagne cette démocratisation me met mal à l’aise, car il véhicule une promesse souvent irréalisable. Pour la plupart d’entre nous, une grande partie de nos revenus continuera à provenir de notre travail, et notre épargne ne nous permettra pas de nous « évader du système » ou de financer intégralement nos futures retraites. A part mettre le doigt sur le mal-être de certains (beaucoup?) par rapport à leurs activités professionnels, je ne vois pas de solution pragmatique pour exit, sauf à se marginaliser comme certains FIRE (lire le blog Lacking Ambition sur ce point).
Qu’en pensez-vous ? Suis-je dans le vrai, ou bien internet s’est-il un peu emballé sur la question de la liberté financière ?