Quel ETF MSCI World choisir?

A titre personnel, j’ai à la fois du MSCI World standard et du MSCI World SRI (le iShares est disponible sur mon AV). Je cible en gros une répartition 1/3 SRI et 2/3 vanilla. Il y a un an, j’avais la proportion inverse et peut-être que ça changera encore. :sweat_smile:

Je n’ai pas fini de faire le tour de la question SRI / pas SRI, je changerai peut-être d’avis lorsque j’aurais plus étudié le sujet. Philosophiquement, je souhaite que les entreprises aient une approche toujours plus vertueuse des affaires : réduction des externalités négatives telles que la pollution, respect des salariés, transparence, etc.

Cela amène à plusieurs questions :

  1. Les estampilles ESG/SRI mesurent-elles bien le progrès des entreprises sur ces sujets ?
  2. Investir dans des ETF SRI/ESG incite-t-il vraiment les entreprises à progresser sur ces sujets ?
  3. Est-ce que je vais perdre du rendement en agissant ainsi ?
  4. Ai-je d’autres moyens plus efficaces pour contribuer à cet objectif ?

1/ Chacun se fera son avis. Je pense que cela va dans le bon sens, même si j’ai quelques interrogations sur certains partis pris. Je veux de l’impact, pas de la pureté idéologique.

2/ Il me semble qu’il y a deux phénomènes avec des effets opposés.

D’un côté, plus il y a de la demande pour les actifs ESG, plus les entreprises ESG réduisent le coût de leur capital. Si la demande pour leurs actions augmente, le prix des actions augmente, donc l’entreprise peut faire des augmentations de capital sans céder un % important ; si les investisseurs préfèrent les obligations ESG, il devient moins cher de lever de la dette. Cela incite les entreprises à améliorer leur score ESG.

D’un autre côté, les entreprises mal notées peuvent se dire que, quitte à ne pas être ESG, autant y aller franco et ne pas se préoccuper des externalités négatives si ça permet d’optimiser les profits. J’ai l’impression que les entreprises sont de moins en moins inclines à le faire car ça marche de moins en moins bien : les réglementations se préoccupent de plus en plus de ces problèmes, les consommateurs font (un peu) attention aux conditions de fabrication des produits qu’ils achètent, une boîte avec des salariés satisfaits a tendance à mieux fonctionner, etc.

En investissant en non ESG, on peut aussi se dire qu’on aide les entreprises à la traîne à avoir un coût du capital suffisamment faible pour avancer dans leur transition.

Bref, j’en sais trop rien, il faut que je me cultive encore sur le sujet. :person_shrugging:

3/ A priori, on aura moins de rendement en prenant de l’ESG.

Revenons aux principes fondamentaux : les marchés sont relativement efficients et les prix des actifs correspondent à la meilleure estimation de leurs rendements futurs compte tenu des infos disponibles. Par conséquent, si être ESG donne de meilleures perspectives économiques à une boîte (en l’état des connaissances ou croyances actuelles), c’est déjà intégré dans le prix de ses actions (et les non ESG ont déjà été pénalisées).

Autrement dit, les prix des actions des entreprises ESG n’ont pas de raison théorique de mieux performer que celles des entreprises non ESG !

Les modèles théoriques de détermination du prix des actifs nous disent que l’espérance de rendement des investisseurs provient des primes de risques auxquelles ils s’exposent (risque de marché, facteurs de risques spécifiques comme le value, risque de taux, risque de crédit…). Ces modèles nous disent aussi que certains risques n’ont pas de prime associée (risque idiosyncratique d’une entreprise, préférences de l’investisseur).

Et c’est bien là que le bât blesse : investir en ESG est une préférence de l’investisseur. Il n’y a a priori pas de prime de risque à avoir une préférence ESG de manière plus marquée que la moyenne des investisseurs, indépendamment du fait que les entreprises ESG fonctionnent mieux ou non sur le plan économique.

Après, force est de constater que le MSCI World SRI a mieux marché que le MSCI World depuis une quinzaine d’années. Là je vais invoquer nos copains de l’AMF : les rendements passés ne préjugent pas des rendements futurs. On pourrait tout à fait imputer cette surperformance au fait que les préférences des investisseurs pour l’ESG ont augmenté sur cette période. Ce serait alors un effet de type momentum, le temps que les préférences de l’investisseur moyen aient fini de s’ajuster.

4/ Je vois trois façons potentiellement plus prometteuses que le choix de mes ETFs pour orienter le monde dans les directions que je juge souhaitables :

  • Financer directement des projets concrets. Par exemple, j’achète pas mal d’obligations sur des projets d’énergies renouvelables via Enerfip : ça commence à faire une bonne surface de panneaux solaires financée par mes choix d’investissement.
  • Orienter ma consommation vers des produits plus efficients d’un point de vue ESG et éliminer certains comportements d’achat. Si les entreprises non ESG galèrent à vendre leurs produits, elle vont faire des efforts pour s’adapter ou mettre la clef sous la porte.
  • L’engagement citoyen. Si certains d’entre vous se mettent à financer des panneaux solaires après m’avoir lu, j’aurai eu un petit peu plus d’impact. :grin:
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